Vous avez votre courtier pour achter des obligations, vous avez vérifier la liste d’obligations à laquelle il donne accès, vous avez approvisionné votre compte, maintenant, quelle obligation choisir ?

Avertissement : cet article ne constitue pas un conseil d’investissement. Il offre une grille d’analyse simple, adaptée aux investisseurs particuliers qui découvrent ce marché et appréhendent les différents facteurs.

Premier choix : senior ou subordonnée ?

C’est le plus gros déterminant du risque. Dans le premier cas, vous aurez un profil obligataire tel qu’on l’entend habituellement (coupons réguliers, sensibilité au taux selon la maturité…).

Dans le second cas, vous aurez un profil hybride entre obligation et action : vous ne serez pas sensible au taux comme une obligation habituelle, vos coupons seront payés ou pas payés selon la santé de l’entreprise, votre remboursement sera non-prioritaire, et vous serez beaucoup plus tributaire des clauses du prospectus.

En investissement senior, vous n’avez quasiment pas à lire le prospectus : le taux coupon, la date de maturité et le prix sont quasiment les seules informations dont vous avez besoin.

En subordonné, c’est indispensable puisque les règles du jeu sont spéficiques : les obligations subordonnées sont un marché complexe, où chaque investissement s’envisage au cas par cas (raison pour laquelle il y a peu d’OPCVM et très peu d’ETF sur ce segment). Vos coupons peuvent dépendre de la forme de la courbe des taux, ils peuvent être payés uniquement lorsque l’entreprise paye un dividende, etc. N’achetez jamais une subordonnée sans avoir ces infos.

Deuxième choix : quelle durée ?

Regardez la courbe des taux.

  • Pour placer vos liquidités avec un profil quasi monétaire (si les taux 2-3 ans vous conviennent), visez des obligations courtes (3-4 ans).
  • Si l’idée d’une rente pendant un certains nombre d’années vous intéresse, visez des obligations 5-10 ans.
  • Enfin, les obligations longues (>10 ans), voire très longues (20, 30… 100 ans) sont plus adaptées pour jouer une baisse des taux. Vous avez un bon potentiel de plus-value en cas de baisse des taux (mais un risque élevé en capital en cas de hausse des taux ; vous ne pourrez pas forcément attendre le terme). Pour maximiser l’effet, visez les coupons faciaux les plus bas possible, idéalement des obligations zéro coupon, qui sont les plus sensibles aux mouvements de taux.

Troisième choix : quel niveau de risque ?

C’est le dernier ajustement. Entre des obligations souveraines très sûres (Allemagne, France) et des obligations privées, il peut y avoir 1, 2, 3% d’écart de rendement annuel. Tout dépendra de la qualité de signature de l’entreprise. Vous n’allez pas faire une analyse financière complète : fiez-vous aux agences de notation dans un premier temps, au moins pour savoir si vous achetez du A ou du BB.

N’oubliez pas qu’en obligations, on « eat like a bird, shit like an elephant ». Cela signifie qu’on picore des petits gains, mais lorsque les choses vont mal, on perd l’intégralité d’une ligne. Cela peut représenter une vie entière de petits gains picorés.

Enfin, le marché étant raisonnablement efficient, tous les risques sont déjà en théorie déjà dans le prix. Le rendement additionnel offert par une obligation risquée reflète correctement le risque de défaut de celle-ci… dans un portefeuille diversifié toutefois.

Cela signifie que si vous achetez peu d’obligations et optez pour des obligations risquées, vous avez en théorie un profil rendement/risque défavorable. Raison de plus pour faire bien attention à ce que vous achetez.

Pour du rendement à horizon 3-4 ans, vous pouvez aller sur du risqué. Pour jouer la baisse des taux avec des obligations à 50 ans, allez plutôt sur des émetteurs très sûrs. Un risque la fois !

Le cas des obligations en devise

J’aurais pu en faire un premier critère. Jusqu’à présent, j’ai considéré que vous investissiez dans votre propre devise (l’Euro, mettons).

Si vous investissez sur une autre devise, vous aurez une autre courbe de taux. Peut-être que les taux directeurs et les taux longs de la devise sont plus élevés que ceux de l’Euro, ce qui donne une illusion de rendement supérieur.

Mais le marché étant relativement efficient, lorsque les taux sont plus élevés, c’est (en simplifiant) parce que le marché anticipe une dévaluation de la devise, à hauteur de l’écart de taux.

Autrement dit, placer à un an en euros à 4% ou en pesos mexicains à 10%, c’est sensiblement pareil car la devise mexicaine se dévaluera probablement de 6% d’ici un an.

Bien sûr, la réalité est plus complexe, mais lorsque les taux sont élevés, attendez-vous à une perte en capital au moment de la conversion.

Je vous conseille d’éviter les obligations en devises, sauf pour faire un pari sur l’évolution de la devise. Et dans ce cas, le plus simple est d’aller sur du monétaire local ou des obligations très courtes. Ne mélangez pas les risques !