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CAT Bonds, Impact bonds...

Terme en anglais : Exotic bond

par : Robin des bonds

L’imagination des financiers étant sans limite, et le format « obligation » étant l’un des plus simples qui existe, il a été adapté des problématiques financières qui le rapprochent d’un produit d’assurance.

Après tout, le produit fonctionne déjà comme une assurance. Un assureur perçoit des primes régulières, mais s’engage à rembourser un montant élevé en cas de sinistre. Un investisseur obligataire perçoit des intérêts réguliers, mais s’engage à faire une croix sur son capital et les intérêts restants à courir en cas de souci financier grave. Les deux logiques sont proches.

Voici quelques innovations intéressantes. Attention : inutile de les demander à votre courtier, ce sont des produits institutionnels.

Les Catastrophe Bonds (Cat bonds)

Ces obligations sont émises par des assureurs et des réassureurs. Leur naissance est née d’un besoin simple : en cas de catastrophe majeure, ces organismes pourraient ne pas disposer de toutes les ressources pour indemniser les victimes à hauteur des garanties souscrites.

Le fonctionnement de ces obligations est assez simple. Les investisseurs achètent des titres, touchent un intérêt, mais ne récupèrent leur capital que s’il n’est survenu aucun sinistre pendant la période de vie de l’obligation (généralement, 3 à 5 ans). Bien entendu, la définition des sinistres est strictement encadrée. Ces produits répondent à la demande de rendement des investisseurs (car le risque est important), et surtout au besoin de diversification, car l’issue, positive ou négative de l’obligation, est peu corrélée à l’économie mondiale.

Pendant la crise Covid, il y a eu un débat tout au début pour savoir si nous étions dans une situation de pandémie, auquel cas les Cat Bonds émis par l’Organisation Mondiale de la Santé ne seraient pas remboursés (lire aussi : https://www.institutdesactuaires.com/magazine/article/les-pandemic-bonds-a-l-epreuve-du-feu/2604)

Le domaine des Cat Bonds est complémentaire aux activités de réassurance, ce sont des Insurance-Linked Securities (ILS), des titres liés à l’assurance.

Les Impact Bonds / Social Impact Bonds

Ces obligations ont un fonctionnement opposé aux Cat Bonds. Avec les SIB, pour qu’il y ait remboursement du capital, il faut au contraire qu’un événement de transformation survienne.

Ce dispositif lancé en 2010 au Royaume-Uni, et se déploie depuis dans certains pays de l’OCDE. Il consiste à aligner les intérêts d’une mission de service public entre un donneur d’ordres, un Etat par exemple, et un « commissionneur », une entreprise titulaire d’une mission de service public à qui sera fixé un objectif. L’entreprise achète des obligations, et ne perçoit des intérêts et son capital que si les résultats sont là. Les premiers SIB étaient souscrits entre l’Etat Britannique et des associations spécialisées dans la réinsertion professionnelle avec pour objectif l’insertion professionnelle des personnes terminant une peine de prison.

Instruction capitaliste dans le secteur social pour certains, solution libérale pertinente pour d’autres, à vous de voir. Sur le papier, le partenariat public-privé semble intéressant puisque l’Etat ne paye qu’en cas de résultats. En cas de mauvais résultats, l’Etat conserve l’argent qui a été initialement versé. C’est une forme d’amende ou de compensation des coûts à venir. Tout est donc affaire de quantification des coûts sociétaux… mais aussi de risque de travail bâclé juste pour « faire du chiffre », en vertu de la Loi de Goodhart. Bien entendu, les bonds ne sont pas toujours au résultat binaire, il existe souvent des graduations dans la réussite ou l’échec du projet.

Imaginez : s’il faut faire valider 10 dossiers d’ici la fin du mois pour gagner 50 millions d’euros, le commissionné ne serait-il pas prêt à tout ? Et qu’en est-il si l’objectif est de placer des enfants en famille d’accueil par exemple ? Allez lire par exemple : https://www.lesechos.fr/2016/01/et-si-le-grand-capital-venait-financer-laction-sociale-195975