Obligations à taux fixe
Terme en anglais : Fixed rate bond
Publié le : 26 juin 2024
par : Robin des bonds
Les obligations à taux fixe sont les plus courantes. Elles payent un coupon constant, de leur émission jusqu'à leur échéance.
En anglais, la classe d’actif obligataire ne s’appelle pas « bonds » mais « fixed income », pour « titres à revenu fixe ».
Ces obligations sont sensibles aux taux d'intérêt et à l'inflation : les hausses des taux ou de l'inflation font baisser leur cours.
A l'opposé, une baisse des taux ou de l'inflation leur est favorable.
L'essentiel
- Les obligations à taux fixe sont les plus communes.
- Les principaux émetteurs sont les États avec les Bons du Trésor ou les OAT en France.
- Le coupon, généralement annuel, est constant pendant toute la vie de l'obligation.
- La date et le montant de remboursement sont connus.
- Le cours de ces obligations varie dans le temps selon l'offre et la demande : le rendement réel de l'investisseur dépend donc de son cours d'achat.
Fonctionnement des obligations à taux fixe
Lorsque l’on achète une obligation à taux fixe, on a le droit à : - un versement d’intérêt (le coupon) périodique, dont le montant et la date sont connus à l’avance. La fréquence est en général annuelle, mais on trouve également des obligations à coupons semestriels ou trimestriels) - percevoir un remboursement final, de montant connu et de date connue.
Avec une obligation à taux fixe, on connaît donc précisément l’intégralité des flux de notre investissement (évidemment, sous réserve que l’émetteur ne fasse pas faillite, ou ne restructure pas ses obligations dans le cadre d’une procédure de sauvegarde).
Il est important de comprendre que le montant des intérêts, même s’il est exprimé en pourcentage, est fixe. Le pourcentage s’applique sur le nominal de l’obligation. Ce qui est fixé, c’est le montant des coupons en euros.
Voici un exemple. Une obligation d’échéance 20 juin 2040, de nominal 1000 € et de taux 3% à coupons annuels rapporte :
- 30 € chaque année, tous les 20 juin,
- et sera remboursée 1000 € le 20 juin 2040 (à cette date, il y aura aussi un dernier coupon, donc un encaissement de 1030 € pour les détenteurs), ce qui mettra fin à l’obligation.
En achetant cette obligation, c’est comme si on avait un échéancier des paiements à venir.
Le cours d’achat n’influence pas la valeur de remboursement. Il est donc évidemment plus intéressant d’acheter cette obligation 900 €, voire 800 € ou moins, que 1000 € (sa valeur nominale que l’on nomme le pair).
Il faut s’imaginer les obligations comme elles l’étaient avant : des titres papier, sur lequel sont indiqués clairement :
- le montant qui sera remboursé (il ne change pas)
- la valeur des coupons (elle ne change pas)
Si ces deux facteurs ne changent pas, il y en a bien un qui change… c’est le cours de bours edes obligations. Elles s’échangent eslon la loi de l’offre et de la demande, et il n’existe aucune raison pour que le cours d’échange soit le cours de remboursement. Si le coupon est particulièrement élevé, les investisseurs sont prêts à payer une surcote, si le coupon est faible, ou que l’émetteur est en difficulté, ils demanderont une décote.
On en déduit une règle approximative :
- Lorsque l’on achète sous le pair, on a un meilleur rendement que le taux nominal
- Lorsque lon achète au-dessus du pair, on a un moins bon rendement que le taux nominal
- Lorsque l’on achète au pair, on a un rendement très proche du taux nominal.
Les amateurs de calculs feront le calcul du TRI. Contentons-nous de fonctionner à l’instinct, et remarquer que tout achat sous le pair entraîne, en plus des coupons, une plus-value certaine (sous réserve de solvabilité de l’émetteur) et que tout achat au-dessus du pair entraîne une moins-value certaine (qui sera potentiellement compensée par la somme des coupons perçus, que l’on espère alors élevés).
Il faut bien comprendre que les évolutions du cours de bourse sur le marché secondaire n’ont aucune influence sur les coupons payés, ni sur la valeur de remboursement. Par conséquent, le TRI d’un investissement en obligations à taux fixe ne dépend que d’une seule chose : le cours d’achat, qui fige donc la totalité de l’opération (si l’émetteur reste solvable).
Obligations à taux fixe et sensibilité aux taux d’intérêt
Les obligations à taux fixe sont sensibles aux taux d’intérêt :
Lorsque les taux montent, les investisseurs préfèrent acheter des obligations nouvellement émises, et le marché secondaire se traite avec une décote (leur cours baisse). En vertu du principe d’équilibre des marchés financiers, le cours baisse jusqu’à ce que le taux actuariel de l’investissement soit égal à celui des obligations nouvelles, à maturité et risque de crédit équivalent. lorsque les taux baissent, les obligations anciennent sont recherchés, et les investisseurs sont prêts à payer plus cher, jusqu’au point limite où le rendement qu’ils obtiennnet égale celui des obligations nouvelles.
Ce fonctionnement, pourtant très logique, est la source de beaucoup de doutes chez les investisseurs novices, voire présenté comme un paradoxe par la presse financière.
En réalité, si l’on part du principe que le taux des coupons obligataires est fixe, la seule variable d’ajustement est le cours (après tout, on achète ou vend en déboursant des euros, par des taux). Il est donc normal que :
lorsque le cours est bas, le rendement actuariel des obligations est plus élevé que lorsqu’il est haut... donc lorsque les obligations baissent, leur taux monte.
Il faut s’imaginer que ce sont les obligations qui « font » les taux, pas l’inverse. Les taux ne sont que la résultante du cours de bourse, un peu comme en immobilier : le rendement locatif est meilleur lorsque les prix sont bas.
Voici quelques explications pédagogiques si ceci vous gêne encore.
Et vous pensiez que les obligations étaient plus compliquées que les actions ? 🙂
Donc si on résume :
- pour jouer la baisse des taux, il faut acheter des obligations à taux fixe !
- si on anticipe une hausse des taux (que le marché n’a pas encore anticipée) ou de l’inflation, il faut éviter les obligations à taux fixe !
Obligations à taux fixe et sensibilité à l’inflation
L’inflation est mauvaise pour les obligations à taux fixe.
En effet, lorsque l’inflation augmente, les taux nominaux paraissent moins intéressants, et les obligations baissent sur le marché secondaire. En revanche, une faible inflation est favorable aux obligations à taux fixe.
A quoi bon toucher 4% par an et retrouver son capital inchangé dans 10 ans si l’inflation est à 4% ? Le capital n’aura pas la même valeur…
L’inflation dévalue la valeur des flux futurs, donc il est logique que les investisseurs rechignent à détenir des obligations à taux fixe. En outre, le contexte inflationniste s’accompagne souvent de hausse des taux directeurs des banques centales, créent un environnement hostile aux titres à revenu fixe, qui subissent la concurrence de placements moins risqués (livrets, monétaire…).
Il existe bien sûr des obligations dont les coupons ou le capital sont indexés sur l’inflation. Elles permettent de s’en prémunir ou, dans certains cas, de réaliser des plus-values si l’inflation est plus élevée que prévu.
Obligations à taux fixe et crédit immobilier à taux fixe : la même chose ?
Les obligations à taux fixe n’ont pas grand chose à voir avec un crédit à taux fixe, comme un crédit immobilier
Les crédits immobiliers sont la plupart du temps amortissables : le capital est remboursé au fil des mensualités. Chaque remboursement comporte une part d’intérêt et une part de capital. Lorsqu’on achète une obligation, le remboursement se fait en une fois, à l’échéance. On parle de crédit in fine. Il existe des crédits immobiliers amortissables, dont le fonctionnement est similaire à une obligation à taux fixe. En revanche, votre crédit n’est pas cessible librement entre banques, contrairement à une obligation.