Les obligations - Comprendre les bases
par : Robin des bonds
Une obligation est une reconnaissance de dette.
C'est l'un des produits financiers les plus anciens : des obligations furent émises dès la Renaissance pour financer les conquêtes maritimes, le commerce et les campagnes miliaires.
Mais c'est aussi l'un des produits financiers les plus échangés dans le monde aujourd'hui.
Une obligation est un titre financier :
- créé par une entité qui veut se financer (une entreprise ou un État par exemple),
- et acheté par des investisseurs ou des épargnants qui souhaitent faire un placement financier et percevoir des intérêts.
Les obligations sont des placements relativement sûrs, bien adaptés aux investisseurs qui souhaitent limiter les risques ou diluer le risque d'un portefeuille déjà investi en actions.
Exemple d'obligation
Une entreprise propose au public d’acheter des obligations qui rapportent 8% par an et qui seront remboursées dans 10 ans. L'entreprise fixe le nominal de l'obligation à 100 €.
L’acheteur d’une obligation :
- paye 100 € aujourd'hui pour acheter une obligation,
- percevra 8 € d'intérêts chaque année (10 versements de 8 € chacun, y comprs le jour de l'échéance),
- récupérera ses 100 € auprès de l'entreprise dans 10 ans.
Autrement dit, l'emprunteur (appelé émetteur) s'engage à :
- rembourser le capital emprunté à la date convenue (la maturité)
- payer des intérêts réguliers selon le calendrier défini à l'avance (les coupons).
La structure de flux financiers de cette obligation ressemble à ceci :
Le terme "coupon" date du temps où les obligations étaient matérialisées par un document papier, un titre. Pour percevoir le versement d’intérêt, il fallait découper le coupon et l’amener à la banque, puis pour obtenir le remboursement final, il fallait restituer le titre entier.
Voici un exemple illustré : une ancienne obligation qui finançait les travaux du canal de Panama.
Cette obligation avait les caractéristiques suivantes :
- Emetteur : Compagnie Universelle du Canal Interocéanique de Panama
- Valeur de remboursement : 1000 Francs
- Coupons : 7,50 Francs. Mais les coupons étaient trimestriels : exprimé en base annuelle, l'intérêt total était donc 30 Francs, soit 3% du nominal
- Date d'émission : 6 août 1886
- Date d'échéance (de remboursement) : non lisible sur le document
Chaque trimeste, les porteurs d'obligations allaient à leur banque présenter un coupon et percevoir leur intérêt.
Certains coupons ont été découpés, mais pas tous. Pourquoi ? Car l'entreprise a été mise en faillite en 1888. Plus aucun intérêt ni remboursement n'a été possible, et l'entreprise a été liquidée. (pour l'histoire complète de la compagnie : voir wikipedia.
Les obligations aujourd'hui
Aujourd’hui, les obligations en papier n’existent plus : les titres sont dématérialisés, ce sont des écritures informatiques dans les banques. Cependant, conserver la vision “papier” dans un coin de la tête permet de mieux en comprendre les mécanismes des obligations.
Les entreprises et États qui souhaitent lever des fonds émettent des obligations par tranches ayant des caractéristiques similaires.
Par exemple, une entreprise qui souhaite lever 50 millions d’euros pour investir dans un nouvel outil industriel pourra émettre 50 000 obligations de valeur nominale 1000 € chacune. Les obligations de cette émission auront toutes le même taux et la même maturité.
Plus tard, selon ses besoins, l'entreprise émettra peut-être une nouvelle tranche d'obligations ayant peut-être un taux différent, ou une maturité différente.
Marché primaire, marché secondaire
Les obligations ont un avantage par rapport à prêt classique : on peut les acheter et les vendre en cours de vie.
Dans notre exemple, un épargnant qui aurait acheté les obligations au moment de leur émission auprès de sa banque aurait directement financé le projet de Canal. C'est ce que l'on nomme le marché primaire.
Mais un épargnant aurait aussi pu acheter les titres plus tard, sur le marché de l'occasion, auprès d'un détenteur qui souhaite s'en débarrasser. C'est le marché secondaire.
En effet, les titres sont au porteur : quiconque se présente à la banque pour réclamer un coupon ou le remboursement percevra l'argent. Ce n'est pas l'identité de la personne qui compte, mais le fait de posséder le titre entre ses mains.
Lorsqu'il y a des échanges sur le marché secondaire, le cours est librement négocié : il peut être différent du cours d’achat initial ou de la valeur de remboursement finale.
Dans notre exemple de la compagnie de Panama, il est fort probable que lorsque les rumeurs d'insolvabilité de la Compagnie commençèrent à circuler, les titres s'échangeaient avec une forte décote...
Historiquement, le marché secondaire avaient lieu physiquement dans les Bourses. Les investisseurs venaient avec les valises pleines de titres (et parfois des brouettes !) pour les échanger.
Aujourd'hui, le marché secondaire peut se dérouler :
- sur une place boursière électronique comme Euronext si les obligations sont cotées en Bourse,
- et/ou de gré à gré, c'est-à-dire au téléphone ou par internet entre professionnels sans passer par un marché financier organisé, éventuellement via un courtier qui joue l'intérmédiaire entre acheteurs et vendeurs.
Un placement garanti... mais risqué
Les obligations ont la réputation de placement sûr. En effet, lorsque vous achetez une obligation le scénario est très prévisible. Vous savez précisément combien vous toucherez et quel jour, sur plusieurs années. C'est un placement plus sûr que les actions, qui n'ont ni date de remboursement ni obligation de verser des dividendes.
Toutefois, acheter une obligation est aussi un pari sur la solvabilité de l’emprunteur. Si celui-ci fait faillite, les intérêts ne seront plus payés et le remboursement final n’aura pas lieu. Pour reprendre notre exemple de l’emprunt Panama, la compagnie a rapidement été incapable d'honorer ses dettes.
Dans ce cas (on parle de défaut), les obligations deviennent sans valeur et ne seront pas remboursées. Aujourd'hui, les emprunts du Canal de Panama n'ont aucun intérêt financier, et leur valeur dépend uniquement de celle que lui donnent les collectionneurs (la scripophilie désigne la collection d'anciens titres boursiers).
Plus une obligation a une date de remboursement lointaine, plus elle est risquée. Une obligation qui sera remboursée dans 2 ans porte un risque plus faible qu'une obligation du même émetteur qui sera remboursée dans 30 ans, car beaucoup d'événements défavorables susceptibles de remettre en question la solvabilité de l'émetteur peuvent survenir dans le deuxième cas.
Le risque lié à cette maturité est en relation directe avec le taux d'intérêt des coupons. Un émetteur devra payer un taux plus élevé s'ils souhaite emprunter sur une maturité longue afin de convaincre les investisseurs d'acheter ses obligations.
Vu du côté investisseur, cela revient à dire que l'on obtient un rendement supérieur en achetant des obligations à échéance longue, mais en contrepartie d'un risque plus élevé.
Les 4 caractéristiques importantes
Quatre informations peuvent vous donner l'essentiel sur une obligation :
- l'émetteur (qui emprunte ? est-il solvable)
- le nominal (combien vaut une obligation ?)
- le coupon (combien ça rapporte ?)
- l'échéance (quand serais-je remboursé ?)
Des exemples d'obligations contemporaines
Voici la liste des obligations en circulation émises par deux émetteurs : l'État français d'une part, et le groupe LVMH d'autre part.
Vous y retrouvez les informations importantes de chaque obligation : sa date d’émission, sa date de remboursement, le taux de son coupon, le montant total émis.
Le code ISIN est la référence d’un produit financier sur les marchés boursiers. il est utile si vous souhaitez acheter ces obligations sur le marché secondaire en passant un ordre de Bourse.
Vous connaissez désormais les bases du fonctionnement des obligations, félicitations !