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Investir dans un fonds obligataire

par : Robin des bonds

Pourquoi privilégier un fonds d'investissement obligataire quand on est investisseur particulier ?

En règle générale, les investisseurs particuliers n'investissement pas directement dans les obligations. Ils investissent indirectement, via des fonds d'investissement eux-mêmes investis en obligations.

En effet, les obligations modernes ont très souvent des seuils d'investissement trop élevées pour les investisseurs particuliers (100 000 € par exemple). Et même si votre budget est suffisant, il ne suffit pas d'acheter une obligation, il faut en acheter des dizaines pour diluer les effets du risque (réduire les conséquences d'un défaut).

Voici les avantages à passer par un fonds d'investissement :

  • un ticket d'entrée bien plus faible (une centaine d'euros pour un fonds)
  • une bonne liquidité (récupérer son argent est plus facile que de devoir vendre les obligations)
  • une diversification et donc une mutualisation du risque
  • une gestion par une équipe de professionnels.

Choisir un bon fonds obligataire

Pour investir dans un fonds obligataire, il faut vérifier les points suivants :

  • l'objectif du fonds en terme de duration (maturité) et de risque émetteur (notation)
  • les frais et le style de gestion du fonds

Les frais doivent être scrutés avec une plus grande attention que sur les fonds d'actions car ils peuvent représenter une part plus importante des gains en proportions.

Les ETF (fonds indiciels, ou trackers) peuvent représenter une bonne alternative aux OPCVM traditionnels dits "actifs".

Les avantages des fonds obligataires

La diversification

L'avantage d'un fonds est qu'il peut détenir des centaines d'obligations, ce qui lui permet d'atteindre une diversification bien plus élevée que la plupart des investisseurs individuels. En cas de défaut d'un émetteur, les conséquences sur le portefeuilles sont réduites, diluées dans le nombre.

L'accessibilité

Investir dans un fonds obligataire signifie également que votre argent est plus accessible. En effet, la valeur d'une part de fonds est souvent minime (de l'ordre de 100€). Vous pouvez ajuster votre investissement au plus juste.

Le choix entre capitalisation ou distribution

Les fonds d'investissement existent en différentes variantes. Certains capitalisent les intérêts versés par les obligations. Cela signifie qu'ils les conservent et les réinvestissent dans de nouvelles obligations pour accroître la valeur du portefeuille.

D'autres accumulent les intérêts et les reversent périodiquement (selon les fonds, tous les mois, trimestres, semestres ou tous les ans) aux investiseurs du fonds.

En investissant dans un fonds, l'investisseur peut choisir comment il souhaite percevoir ses revenus. Transformer les coupons en plus-value peut être intéressant notamment pour des raisons fiscales.

Comprendre la gestion d'un fonds obligataire

Afin d'offrir un profil lisible et prévisible aux investisseurs, les fonds d'investissement ont un mandat à respecter. Ce mandat définit par exemple :

  • le type d'obligation qui sera ciblé par le fonds (par exemple, obligations d'entreprises de qualité d'investissement)
  • la maturité cible (par exemple, entre 3 et 6 ans).

À l'achat, le fonds est tenu par ces critères. Cependant, au fil du temps, les obligations en portefeuille peuvent sortir de ces critères :

  • une entreprise peut se faire dégrader (abaisser sa notation), et ne plus correspondre aux critères
  • le simple passage du temps peut faire qu'une obligation n'ait plus la maturité résiduelle requise pour répondre aux critères du fonds.

Dans ce cas, le gérant doit vendre les obligations et replacer le produit de la vente sur une autre obligation.

Le portefeuille d'un fonds obligataire est donc rarement statique. Le gérant arbitre en permanence son fonds, en vendant les obligations à maturité les plus courtes pour en acquérir des plus longues.

Ce principe a une influence importante sur le risque et le comportement attendu d'un fonds obligataire.

Le comportement des fonds obligataires

Un fonds obligataire n'évolue pas de la même façon qu'une obligation.

Les fonds n'ont pas de date de remboursement contrairement aux obligations individuelles

Par nature, un fonds obligataire n'a pas de durée de vie. Il n'est donc pas possible d'avoir la garantie de récupérer son capital à une date donnée. Lorsque les taux d'intérêts augmentent, la valeur des obligations comprises dans le fonds aura tendance à baisser. Les investisseurs contraints de vendre peuvent donc réaliser une moins-value.

Bien entendu, avec le temps qui passe, le cours des obligations individuelles converge naturellement vers leur valeur de remboursement. En outre, l'encaissement des coupons fait progresser la valeur du fonds. En théorie, un fonds obligataire qui capitalise les coupons ne peut qu'enchaîner les plus hauts : tout est question de temps.

Les seules limites à ce raisonnement sont :

  • la possibilité de défaut de nombreuses lignes du fonds, ce qui restreint la possibilité de remonter,
  • des frais trop élevées, supérieurs au rendement brut versé par les obligations,
  • une hausse des taux constante et infinie, sans jamais ni stabilité ni baisse.

Les fonds d'investissement ont une durée d'investissement conseillée. C'est celle qui minimise le risque de perte.

Le cas des fonds datés

Certains fonds dits "fonds datés" (ou "fonds à échéance", "fonds à horizon") ont pour vocation d'être dissous à une date fixe. Ils investissent uniquement dans des obligations ayant une échéance proche de leur maturité. Au terme convenu, le fonds est dissous et le capital distribué aux investisseurs.

Par exemple, un fonds ayant pour horizon décembre 2032 investir uniquement dans des obligations qui arrivent à échéance ce mois-ci, ou les mois qui précèdent. Ces obligations seront détenues à échéance, généralement sans acte de gestion. Les coupons peuvent être, selon les cas, réinvestis systématiquement (placés en monétaire ou en obligations courtes) ou distribués.

Ces fonds présentent donc peu ou prou les mêmes caractéristiques qu'une obligation individuelle, tout en étant diversifiés.

Toutefois, comme toujours en finance, un moindre risque signifie un moindre rendement potentiel. Une partie du rendement des fonds classiques est justement liée au réinvestissement des échéances courtes sur des maturités plus longues. En limitant ce facteur de risque, les fonds datés perdent aussi cette source de rendement.

Les fonds ont une maturité résiduelle presque stable, les obligations ont une maturité résiduelle décroissante

Pour une obligation individuelle, la durée restant à courir décroît naturellement au fil du temps, jusqu'à atteindre 0 lors de son remboursement.

Un portefeuille de fonds obligataire aura généralement une maturité moyenne presque constante. En effet, le gérant retire les obligations les plus courtes pour en faire rentrer des plus longues.

La conséquence : le risque (la sensibilité aux taux d'intérêt par exemple) d'un fonds sera presque constant dans le temps, tandis que le risque d'une obligation décroît.

Les fonds ont des frais de gestion, les obligations n'en ont pas

Enfin, les fonds obligataires prélèvent des frais de gestion. Communiqués sur base annuelle, ils sont déduits quotidiennement de la valeur de la part. Il est possible d'opter pour des fonds indiciels (ETF) à moindre coût plutôt que de fonds actifs pour réduire ces frais.

Rappellez-vous qu'en matière financière, les frais impactent directement la performance. Des frais moins élevés sont directement synonyme de meilleur rendement.

Récapitulatif : obligations, fonds obligataires, fonds à échéance

Obligation individuelle Fonds obligataire Fonds obligataire à échéance
Accessibilité
Absence de frais de gestion
Maturité connue
Rendement potentiel connu à l'avance
Rendement potentiel maximal
Risque décroissant avec le temps
Diversification