La gestion d'un fonds obligataire : comprendre son comportement

Comprendre la gestion d'un fonds obligataire

Nous l'avons vu, les fonds d'investissement ont un mandat à respecter. Ce mandat définit par exemple :

  • le type d'obligation qui sera compsoera l'univers d'investissemetn du fonds (par exemple, obligations d'entreprises de qualité d'investissement), dans lequel le gérant pourra faire son choix,
  • la maturité cible des obligations (par exemple, entre 3 et 6 ans).

À l'achat, le fonds est tenu par ces critères. Cependant, au fil du temps, les obligations en portefeuille peuvent sortir de ces critères :

  • une entreprise peut se faire dégrader (abaisser sa notation), et ne plus correspondre aux critères de risque,
  • le passage du temps diminue naturellement la maturité résiduelle des obligations en portefeuille, jusqu'à les faire sortir de la fourchette de maturité.

Dans ce cas, le gérant doit vendre les obligations et replacer le produit de la vente sur une autre obligation.

Le portefeuille d'un fonds obligataire n'est donc jamais statique. Le gérant arbitre en permanence son fonds, en vendant les obligations à maturité les plus courtes pour en acquérir des plus longues.

Ce principe a une influence importante sur le risque et le comportement attendu d'un fonds obligataire.

Le comportement des fonds obligataires

Un fonds obligataire n'évolue pas de la même façon qu'une obligation.

Les fonds n'ont pas de date de remboursement contrairement aux obligations individuelles

Par nature, un fonds obligataire n'a pas de durée de vie.

Il n'est donc pas possible d'avoir la garantie de récupérer son capital à une date donnée. Lorsque les taux d'intérêt augmentent, la valeur des obligations comprises dans le fonds aura tendance à baisser. Les investisseurs contraints de vendre peuvent donc réaliser une moins-value.

Bien entendu, avec le temps qui passe, le cours des obligations individuelles converge naturellement vers leur valeur de remboursement. En outre, l'encaissement des coupons fait progresser la valeur du fonds. En théorie, un fonds obligataire qui capitalise les coupons ne peut qu'enchaîner les plus hauts : tout est question de temps.

Les seules limites à ce raisonnement sont :

  • la possibilité de défaut de nombreuses lignes du fonds, ce qui restreint la possibilité de remonter,
  • des frais trop élevées, supérieurs au rendement brut versé par les obligations,
  • une hausse des taux constante et infinie, sans jamais ni stabilité ni baisse.

Les fonds d'investissement ont une durée d'investissement conseillée. C'est celle qui minimise le risque de perte.

Le cas des fonds datés

Certains fonds dits "fonds datés" (ou "fonds à échéance", "fonds à horizon") ont pour vocation d'être dissous à une date fixe. Ils investissent uniquement dans des obligations ayant une échéance proche de leur maturité. Au terme convenu, le fonds est dissous et le capital distribué aux investisseurs.

Par exemple, un fonds ayant pour horizon décembre 2032 investir uniquement dans des obligations qui arrivent à échéance ce mois-ci, ou les mois qui précèdent. Ces obligations seront détenues à échéance, généralement sans acte de gestion. Les coupons peuvent être, selon les cas, réinvestis systématiquement (placés en monétaire ou en obligations courtes) ou distribués.

Ces fonds présentent donc peu ou prou les mêmes caractéristiques qu'une obligation individuelle, tout en étant diversifiés.

Toutefois, comme toujours en finance, un moindre risque signifie un moindre rendement potentiel. Une partie du rendement des fonds classiques est justement liée au réinvestissement des échéances courtes sur des maturités plus longues. En limitant ce facteur de risque, les fonds datés perdent aussi cette source de rendement.

Les fonds ont une maturité résiduelle presque stable, les obligations ont une maturité résiduelle décroissante

Pour une obligation individuelle, la durée restant à courir décroît naturellement au fil du temps, jusqu'à atteindre 0 lors de son remboursement.

Un portefeuille de fonds obligataire aura généralement une maturité moyenne presque constante. En effet, le gérant retire les obligations les plus courtes pour en faire rentrer des plus longues.

La conséquence : le risque (la sensibilité aux taux d'intérêt par exemple) d'un fonds sera presque constant dans le temps, tandis que le risque d'une obligation décroît.

Les fonds ont des frais de gestion, les obligations n'en ont pas

Enfin, les fonds obligataires prélèvent des frais de gestion. Communiqués sur base annuelle, ils sont déduits quotidiennement de la valeur de la part. Il est possible d'opter pour des fonds indiciels (ETF) à moindre coût plutôt que de fonds actifs pour réduire ces frais.

Rappellez-vous qu'en matière financière, les frais impactent directement la performance. Des frais moins élevés sont directement synonyme de meilleur rendement.

Récapitulatif : obligations, fonds obligataires, fonds à échéance

Obligation individuelle Fonds obligataire Fonds obligataire à échéance
Accessibilité
Absence de frais de gestion
Maturité connue
Rendement potentiel connu à l'avance
Rendement potentiel maximal
Risque décroissant avec le temps
Diversification