Qu'est-ce qui fait varier le prix d'une obligation sur le marché ?
par : Robin des bonds
Lien entre rendement et cours
Les obligations peuvent s'échanger sur le marché secondaire. Pour qu'il y ait échange sur un marché, acheteur et vendeur doivent s'accorder sur le juste prix de la chose vendue.
Pour les obligations, le juste prix peut être estimé de façon assez mathématique sur la base des caractéristiques de l'obligation et du contexte de marché dans lequel le prix est calculé.
Le déterminant principal du prix sera le rendement attendu par l'investisseur. Il ne s'agit pas du rendement du coupon, mais du rendement total de l'investisseur, intégrant non seulement les versements de coupon mais aussi l'éventuel gain ou perte qu'il réalisera au moment du remboursement final.
Rappellez-vous que toutes les obligations ne sont pas forcément achetées au cours auquel elles seront remboursées ! Il est possible d'acheter 95 € une obligation qui sera remboursée 100 €...
L'investisseur détermine son rendement cible en fonction du risque. Plus l'obligation est risquée, plus il cherchera à être compensé pour ce risque par un rendement plus élevé.
Imaginons un investisseur ayant 1 million d'euros à investir, face à deux choix sur le marché secondaire :
- une obligation très sûre émise par un Etat européen noté AA+, rapportant 4% par an
- une obligation plus fragile, émise par une compagnie aérienne notée BB, rapportant 4% par an.
Notre investisseur privilégie naturellement la première. Cependant, tout à un prix. La seconde obligation ne vaut pas zéro... Combien vaut-elle ? Impossible à dire, mais il estime qu'il lui faudrait 6% par an pour compenser le risque pris sur la seconde obligation.
Le vendeur est prêt à faire une concession... mais le coupon des obligations est fixe ! Il n'a pas la capacité de modifier les taux que paiera l'entreprise.
L'ajustement du prix se fait donc par le cours. Au lieu de vendre les obligations au pair (à leur valeur faciale), la transaction se fera avec une décote, par exemple à 80% de la valeur faciale. L'investisseur aura une compensation pour le risque pris.
Voilà pourquoi on dit que lorsque les taux d'intérêt montent, le prix des obligations baisse.
Ce n'est pas une relation de cause à effet, c'est simplement synonyme.
Un peu comme le rendement d'un bien immobilier est d'autant plus élevé que vous le payez peu cher, une obligation voit son rendement augmenter si vous l'achetez avec décote.
Lorsque vous achetez un produit dont toutes les caractéristiques sont fixées, le seul levier de négociation est le prix. Voici un exemple avec une obligation qui sera remboursée 100 € dans un an et qui ne verse aucun coupon.
Faites varier le prix d'achat pour voir l'influence sur le rendement obtenu.
Ce petit outil très simple illustre le rendement d'un placement qui sera remboursé 100 € (comme une obligation) dans un an. Pour simplifier, l'obligation ne verse pas d'intérêt. Les deux seuls mouvements financiers sont l'achat et le remboursement.
Plus vous achetez bas, meilleur est le rendement.
Environnement de taux et cours des obligations
Ce raisonnement vaut aussi pour l'environnement de taux en général, c'est-à-dire le contexte économique.
Si l'ensemble des taux d'intérêt montent, alors le cours de toutes les obligations à taux fixe baissera.
En effet, les obligations déjà émises deviennent alors moins intéressantes. Qui s'intéresse à ces anciennes obligations à 3% de taux fixe, quand on peut trouver des obligations à 5% sur le marché primaire ?
Les détenteurs qui souhaitent céder leurs obligations devront faire des concessions de manière à présenter un taux attractif pour les acheteurs. Et puisque le taux est fixe, cela se règle via une décote...
Mathématiquement, acheteurs comme vendeurs calculent la décote nécessaire pour que l'obligation à 3% rapporte 5% "tout compris", et un nouveau cours d'équilibre est trouvé.
À l'opposé, dans un monde de taux bas, les obligations à taux élevé sont particulièrement recherchées, puisqu'elles permettent de "verrouiller" une série de coupons élevés. Elles sont tellement recherchées que les acheteurs sont prêts à payer une prime, une surcote. Pas infinie non plus, tout se calcule.
Par exemple, si un émetteur avait émis des obligations à 8% annuel il y a cinq ans, puis, contexte oblige, est en mesure d'émettre aujourd'hui à seulement 5%, ses anciennes obligations auront pris de la valeur. Leur juste valeur sera celle qui les rend aussi rentables que les obligations nouvelles.
Au final, acheter une obligation nouvelle à 5% ou une obligation ancienne à 8% (mais payée avec surcote) sera équivalent financièrement.
Intuitivement, on comprend que la surcote sera proportionelle au taux. Une obligation à 5,1% sera certaines légèrement plus intéressante que celles à 5%, mais pas de quoi justifier une surcote élevée.
Je vous invite encore et toujours à adopter un raisonnement intuitif avant de vous jeter sur les formules !