Avis Trade Republic

Avis Trade Republic pour acheter des obligations

Permet d'acheter des obligations dès 1 € en version ultra-simplifiée, parfois trop.

En résumé

Trade Republic met en avant sa plateforme à frais fixes (1€) quel que soit l'actif. Elle propose une sélection d'obligations facile à prendre en main, même si la cible est plutôt celle des débutants.

Avantages

  • Achat d'obligations fractionnées (1€)
  • Interface ergonomique
  • Frais prévisibles (à première vue)
  • Rémunération du solde du compte au taux BCE

Inconvénients

  • Interface trop simplifiée qui peut faire perdre le contrôle
  • Mobile first, peut dérouter les habitués du PC
  • Opacité sur les exécutions, pas de carnet d'ordres (Lang und Schwartz Exchange)
  • Administratif complexe et IFU potentiellement faux
  • Support injoignable ou inutile, il faut se débrouiller seul avec les soucis administratifs

Ma note concernant Trade Republic en tant que courtier obligataire

Note : 2.5 / 5

Analyse et avis détaillé

Qui est Trade Republic ?

Trade Republic (TR) est une plateforme de courtage en ligne allemande créée en 2015, qui vise à rendre l'investissement accessible à tous, notamment des frais très bas, une interface simplifiée et la priorité mise sur le mobile.

En quelques dates :

  • 2015 : création en Allemagne
  • 2021 : arrivée sur le marché français
  • 2023 : donne l'accès aux obligations sous forme fractionnée
  • 2024 : devient une banque allemande de plein exercice

La promesse : permettre à tous d'investir, même avec des très petits montants.

C'est dans ce cadre que TR propose l'accès à des fractions d'obligations à partir de 1 €.

IL existe donc une couche technique entre TR et les réelles obligations, une sapproche très différente de celle des courtiers traditionnels, qui ne permettent que d'acheter des titres entiers à leur prix normal (souvent élevé).

Ouverture de compte

L'ouverture de compte est très simple et se fait en moins de 10 minutes, entièrement sur mobile. Préparez une pièce d'identité que vous devrez filmer sous différents angles, et tenez-vous prêt à tourner une petite vidéo de votre visage.

Le ton est donné : chez Trade Republic, la priorité est donnée au mobile ! D'ailleurs, pas de login. On utilise son numéro de téléphone et un code PIN. Les connexions sur ordinateur nécessitent un code reçu par téléphone.

Les obligations en pratique chez Trade Republic

Choisir une obligation chez Trade Republic

L'interface est très épurée, voire trop ! Impossible de trier par notation, maturité, rating...

Page de sélection des obligations chez Trade Republic

Avec Trade Republic, on ne s'embarrasse pas de détails. Le courtier propose une liste d'obligations réduite (600 environ) mais diversifiée, répartie entre obligations d'Etat et obligations d'entreprises, balayant une grande part du spectre du risque : on trouve à la fois des Etats et entreprises très sûrs (Allemagne, Union Européenne, Nestlé..) mais aussi des plus risqués (Roumanie, Air Baltic, Petroleon Mexicanos...).

Sur le plan géographique, on trouve beaucoup de sociétés européennes (Allemagne, France, d'allemandes mais aussi quelques sociétés américaines de premier plan (McDonald's, Philip Morris, Goldman Sachs par exemple).

Toutes les obligations sont libellées en euro, même si leur devise d'origine est différente. On retrouve ici la surcouche de TradeRepublic : simplifier et rendre plus accessible, même si cela revient à masquer une partie de la réalité.

Page de sélection des obligations chez Trade Republic

Fiches d'informations sur une obligation précise

L'interface est extrêmement sommaire, beaucoup trop à mon goût. Cependant, l'essentiel est là et on peut déjà être satisfait, car bon nombre de courtiers n'arrivent pas à ce niveau.

Exemple : obligation Air Baltic

Voici la fiche d'une obligation émise par Air Baltic.

Cours d'une obligation Air Baltic chez Trade Republic

Caractéristiques d'une obligation Air Baltic chez Trade Republic

C'est vraiment très sommaire et on peut avoir des doutes sur ce que l'on achète réellement : quel est le taux facial ? Quel est le coupon couru ?

Trade Republic s'adresse surtout à des débutants : sont-ils à l'aise avec ces infos ?

Exemple : obligation McDonald's

Allons voir une obligation McDonald's.

Cours d'une obligation McDonald's chez Trade Republic Caractéristiques d'une obligation McDonald's chez Trade Republic

Idem ici, les infos données sont homogènes quelle que soit l'obligation.

Passage d'ordres chez Trade Republic

Tentons maintenant d'acheter notre obligation McDonald's !

Passage d'ordre d'achat d'une obligation McDonald's chez Trade Republic

Ici encore, je trouve que l'interface manque cruellement de détails. Trade Republic met en avant l'achat en montant ce qui conduit à une simplification extrême du processus. Les débutants peuvent être déroutés : puisque l'on achète pour 1000€ d'obligations, pourquoi décaisse-t-on un montant supérieur ?

En réalité, lorsque l'on achète des obligations "en lots de 1 euro" chez TR, cela concerne uniquement le nominal. Le coupon couru s'applique toujours (ce qui est une bonne chose, car conforme à la pratique de marché). Cela peut toutefois déstabiliser les débutants.

Un mot sur le principe du fractionnement

Chez TR, les obligations s'achètent à l'euro près, même si leur dénomination est supérieure (le nominal d'une obligation peut monter jusqu'à de 100 000 €). Concrètement, c'est Trade Republic qui détient l'obligation "complète" tant que vous n'avez pas atteint le nominal, à la manière de ce que le courtier fait pour les actions.

C'est ce qui explique que TR ne propose qu'une sélection d'obligations choisie à la main : ils ne peuvent probablement pas tout fractionner.

Est-on réellement créancier de l'émetteur, ou créancier de TradeRepublic ? Je n'ai pas la réponse à cette question, mais elle est légitime.

Les ordres ne sont pas envoyés sur le marché mais passent pas le courtier Lang&Schwarz Exchange, qui est aussi le teneur de marché pour les actions.

Cela peut présenter des conflits d'intérêt et s'interroger sur la qualité d'exécution des ordres. Par le passé, Trade Republic se rémunérait en PFOF (Payment for Order Flow) mais a annoncé y renoncer en 2023.

Même si la pratique n'a plus cours, impossible aujourd'hui de savoir si l'ordre n'aurait pas été mieux été exécuté sur un marché réglementé.

Tarifs de Trade Republic

Chez TR, le tarif est simple et lisible : 1 € l'ordre, quelle que soit sa taille. Paradoxalement, cette solution est pénalisante pour les petits investisseurs, car investir 100€ par exemple revient assez cher (1%) dans un contexte d'investissement obligataire.

Les frais disparaissent en mettant en place un plan d'investissement (investissement programmé en DCA), mais cette option n'est disponible que sur actions, ETF et cryptos.

Back-office et fiscalité

Concernant la fiscalité, on aurait pu craindre une retenue à la source mais il n'en est rien. Les intérêts (qu'il s'agisse de la rémunération du compte courant ou des intérêts des obligations) sont versés sans retenue. Chacun doit ensuite les déclarer et appliquer la fiscalité classique : soit intégration au revenu + prélèvements sociaux, soit Flat Tax.

En revanche, les dividendes d'actions sont soumis à un prélèvement étranger qui peut être compensé, parfois partiellement, par les dispositifs d'élimination de double imposition.

Je cite : "Trade Republic étant basé en Allemagne, notre partenaire HSBC applique une imposition à la source de 26,5% sur les dividendes français."

Services client et support

Il faut considérer qu'il est tout bonnement inexistant.

Une FAQ fait office de support client. Pour obtenir un humain, il faut batailler sur l'application et passer au-delà du chatbot.

Voici par exemple un témoignage d'utilisateur sur le forum de devenir rentier concernant une retenue à la source qui n'aurait pas dû être appliquée : voir la page.

Lorsque l'on voit la page contact, on se doute que ça va être difficile...

Page contact de Trade Republic

Les réponses sont souvent génériques et lacunaires. Pour obtenir des réponses, beaucoup de personnes sollicitent directement Matthias Baccino, le directeur général de Trade Republic France, très présent sur les réseaux sociaux.

Bref, c'est un très gros point noir si l'on souhaite investir sérieusement via TR. Pour moi c'est même rhédibitoire.

Formation et ressources

Trade Republic affirme avoir pour vocation de démocratiser l'investissement et on peut saluer l'engagement de son Matthias Baccino, très présent dans les médias en ligne et chez les influenceurs.

Néanmoins, les contenus concernent surtout l'épargne en général et sont surtout des contenus de promotion de l'entreprise incitant à mettre en place un plan de versement périodique. On ne trouve pas de ressources pédagogiques sur les obligations, ni même sur les actions ou les ETF allant au-delà du superficiel.

Types de comptes proposés

Trade Republic propose aux investisseurs français un compte-titres et un PEA. Bien sûr, les obligations ne peuvent être qu'achetées en compte-titres.

Rémunération des liquidités

Chez Trade Republic, les espèces non investies sont rémunérées au taux de dépôt de la BCE. Le calcul est quotidien, le versement des intérêts est mensuel.

C'est plutôt une bonne chose car cela évite de devoir acheter des OPCVM monétaires si l'on estime que l'on détiendra de la trésorerie pendant longtemps.

Carte bancaire avec cashback et saveback

La carte bancaire TR permet de bénéficier de deux services annexes :

  • l'arrondi : il consiste à arrondir chacune des dépenses l'euro supérieur. Lorsque vous payez 8,60€, vous réglez concrètement 8,60 € chez le commerçant mais Trade Republic débite 9 € de votre compte. Les 40 centimes excédentaires sont accumulés tout au long du mois, puis investis sur l'actif que vous avez choisi au moment de l'adhésion à cette option.

C'est selon moi un gadget : il ne s'agit que de votre propre argent. Vous ne gagnez rien.

  • le cashback : chaque mois, Traderepublic ajoute 1% de vos dépenses mensuelles payées avec la carte à votre flux d'investissement programmé. Cette option n'est accessible qu'à condition d'avoir mis en place un plan d'investissement programmé d'au moins 50 € par mois, par exemple sur un ETF. Si vos dépenses mensuelles avec la carte s'élèvent à 500 €, Trade Republic ajoutera 5 € à votre versement de 50€, le portant à 55€.

Mon verdict concernant Trade Republic comme courtier obligataire

Malgré la publicité tapageuse émise par l'entreprise, Trade Republic ne me semble pas adapté à la construction et à la gestion d'un portefeuille obligataire.

La démarche de fractionnement est louable mais elle ne doit pas se faire au détriment de la qualité de l'information fournie. Or, chez Trade Republic, l'information est extrêmement sommaire, voire trompeuse. On ne sait pas ce que l'on achète réellement, ni à quel prix les opérations sont exécutées.

Le support technique est abominable. J'ai du mal à définir dans quel scénario j'utiliserais Trade Republic pour acheter des obligations, surtout face à Trade Republic ou SaxoBank.

Pour qui ce courtier est-il adapté ?

Selon moi, le courtier s'adresse surtout aux primo-investisseurs, histoire de se familiariser avec le monde de l'investissement pendant quelques mois ou un an, avant de passer à un courtier plus sérieux.

La simplification parfois excessive permet de mettre le pied à l'étrier mais c'est tout.

Les investisseurs exigeants seront rapidement frustrés par le manque de transparence, et au-delà d'un certain capital on peut ressentir une crainte à trop dépendre d'une solution "mobile-first" et sans aucun support technique.

Ma note concernant Trade Republic en tant que courtier obligataire

Note : 2.5 / 5

Photo Nicolas Pérot

Nicolas Pérot

Ancien trader sur produits de taux d’intérêt et responsable des émissions obligataires de grandes entreprises, je partage ici mon expertise sur les obligations. Mon objectif ? Démystifier ce marché et apporter de la valeur à tous, du débutant à l’investisseur chevronné.

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