Cela déroute souvent les néophytes. Les obligations cotent (sauf exceptions) en pourcentage et coupon hors couru. Voici ce que cela signifie, et la raison de ce mode de cotation différent de celui des actions.
Les obligations cotent en pourcentage du nominal
Si vous ouvrez une page de cotation des obligations, vous constaterez que les cours sont souvent proches de 100. Vous trouverez beaucoup d’obligations autour de 90, 100, 110, mais il y a beaucoup moins de diversité dans les valeurs
La clé, c’est que ces chiffres désignent un pourcentage. Plus précisément, le pourcentage du nominal.
Une obligation est un titre doté d’un nominal. Le nominal est sa valeur faciale, exprimée en euros. Il peut être très variable : on trouve des obligations à 1€, 1000 €, 1 million d’euros… et même des obligations de nominal 152,45 € (anciennement 1000 francs).
Le nominal, c’est :
- la valeur intiale à l’émission (ou une valeur proche en cas de prime à l’émission)
- la valeur de remboursement (ou une valeur proche, il existe aussi des exceptions), c’est*à-dire la somme ,en euros, qui sera remboursée
- la valeur sur laquelle est calculé le coupon versé. Par exemple, une obligation de nominal 1000 € qui verse des intérêts de 4% payera 40 € par an à son porteur, et ce quelque soit son cours d’achat.
C’est donc une valeur très importante.
Le marché obligataire parle en pourcentage de cette valeur. Cela permet d’un coup d’oeil de voir les obligations qui se traitent avec une décote ou une prime par rapport au nominal.
Si on cotait en euros, on aurait des obligations à 95 centimes d’autres à 80 euros, d’autres à 7 500 €… on perdrait cette homogénéité.
C’est pragmatique et vraiment utile. C’est impossible à faire sur les actions (et encore, on pourrait les faire coter en pourcentage de leurs capitaux propres). On pourrait aussi coter les foncières ou les SCPI en pourcentage de leur valeurs net d’actifs. Ce serait plus lisible après tout.
Car le principal critère d’achat, c’est la décote, pas la valeur que l’on va décaisser pour une obligation.
En sus, le pourcentage permet aussi d’estimer le rendement instantané de l’obligation : si on est supérieur à 100%, on gagnera moins que le taux facial, si on est inférieur, on gagnera davantage.
Les obligations cotent hors coupon couru
Le deuxième écueil, c’est l’histoire du coupon couru.
Les obligations payent des coupons réguliers. Mais il est impossible d’acheter la veille du coupon pour revendre le lendemain, car en complément du pourcentage du nominal, on paye aussi au vendeur le coupon couru. Ce coupon désigne le prorata de coupon écoulé mais pas encore versé.
Par exemple, une obligation qui verse des coupons de 4% tous les ans aura un coupon couru de :
- 1% trois mois après le dernier versement (et neuf mois avant le suivant)
- 2% six mois après le dernier versement (et six mois avant le suivant)
- 3% neuf mois après le dernier versement (et trois mois avant le suivant)
- et ainsi de suite.
Le coupon couru se calcule selon le nombre de jours écoulés depuis le dernier versement.
Lorsque l’on passe un ordre, il est omis mais il faut en tenir compte car la somme qui sera débitée du compte intègrera ce coupon couru. Attention aux mauvaises surprises si vous achetez avec un coupon quasi plein !
Les conséquences de cette cotation sont :
- les obligations ne cotent pas en « dents de scie » : un graphique historique n’est pas perturbé par les prix qui progressent avant de chuter lors des détachements de coupon
- contrairement aux actions, les obligations ne perdent pas une valeur équivalente au coupon le jour du détachement. Elles sont non affectées par les détachements.
Attention : pour l’investisseur individuel ce n’est pas neutre, car acheter juste avant un coupon revient à payer la fiscalité plein pot sur le coupon. Dans notre exemple, en achetant la veille d’un détachement à 4%, on paye 3,99% de coupon couru, pour toucher 4% le lendemain, soit 2,8% après Flat Tax. A vous de faire vos calculs pour voir si cela en vaut la peine, sachant que le coupon couru payé s’ajoute bien sûr pour former le prix de revient fiscal.
Il y a cependant des exceptions…
Les obligations convertibles et les titres participatifs cotent en euros et non en pourcentage du nominal, et coupon couru inclus (on ne rajoute rien, le prix en tient compte). Et là on se rend compte que ce n’est pas pratique 🙂 Il faut connaître leur nominal pour savoir s’ils surcotent ou décotent.