Le fonctionnement des obligations zéro coupon
Comme leur nom l’indique… Elles ne versent aucun coupon 🙂 Mais elles ont une valeur de remboursement connue, à une date dans le futur.
Quel intérêt ?
Comme on l’a vu dans l’article sur les obligations à taux fixe, plus le taux facial d’une obligation est éloigné des taux en vigueur actuellement sur le marché, plus son cours sera éloigné de sa valeur de remboursement. Par conséquent, une obligation zéro coupon se traitera d’autant plus bas que les taux de marché sont élevés.
Pour l’investisseur, le rendement n’est pas obtenu grâce aux coupons, mais grâce à la plus-value « mécanique » réalisée lors de la convergence vers le pair.
Prenons un exemple : une obligation assurant un remboursement fixe (par exemple, 1 000 € à une date fixée (par exemple le 12 ocotbre 2050).
Etant donné que l’obligation ne paye aucun coupon, elle se traite avec une décote sur sa valeur nominale. Ainsi, l’obligation en question peut s’acheter aujourd’hui, mettons à 20% du pair. On paye 200 € aujourd’hui, et on sera remboursé de 1 000 € dans 28 ans : on multiplie son capital par 5 en 28 ans (c’est un exemple, je mettrai à jour avec des vraies infos).
Evidemment, elles sont très sensibles à l’inflation (qui peut avoir confiance dans son pouvoir d’achat de dans 28 ans ?) : si l’inflation augmente, les investisseurs sont moins enclins à payer cher pour immobiliser leur capital aussi longtemps, et leur cours baisse.
Elles sont également très sensibles aux taux d’intérêt. Dans tous l’univers des placements, c’est le produit financier le plus sensible aux taux (hors produits à effet de levier) !
On peut estimer « à la louche » que 1% de variation de taux les fait décaler de n%, où n est le nombre d’année qu’il leur reste à vivre. Elles évoluent à l’inverse des taux.
Les obligations zéro coupon sont un excellent moyen de parier sur une baisse des taux, et leur ennemi majeur est l’inflation. En effet, même si l’on est certain que le cours converge tant bien que mal vers la valeur de remboursement à échéance, on n’a aucune certitude sur le pouvoir d’achat que représentera cette somme en 2050.
Obligations à taux zéro et démembrement
En réalité, peu d’émetteurs émettent des obligations à taux zéro. Le risque est bien trop élevé pour les investisseurs, qui subissent à la fois la sensibilité maximale aux taux, et qui n’ont aucun flux intermédiaire pour patienter.
Les obligations à taux 0 sont majoritairement créées par démembrement de dette publique. L’Agence France Trésor le pratique régulièrement. Cette opération consiste à séparer juridiquement une obligation d’Etat en deux :
- les coupons d’un côté, individuellement (1 coupon devient une mini-oblig)
- le capital de l’autre
Ainsi, on fait naître une myriade d’obligations zéro coupon, utile pour les besoins des investisseurs.
C’est de l’ingénierie financière saine : c’est simplement un moyen d’adapter un produit (les obligations) à la demande des investisseurs, afin de financer l’Etat à moindre coût.
Obligations zéro coupon et produits structurés
Les obligations zéro coupon sont la matière première de nombreux produits structurés, car elles sont idéales pour offrir une garantie de capital à l’investisseur.
Si on trouve aujourd’hui des obligations zéro coupon à 80% qui remboursent 100% dans 10 ans, alors il est possible de créer un produit à capital garanti.
Pour 1000 € versés par l’investisseur:
- le gérant achète 800 € d’obligations à zéro coupon, qu’il conservera à échéance
- le gérant achète aussi 200 € d’actifs plus risqués (options, actions ,etc.) qui serviront à créer la performance. Dans le pire des cas, ces actifs valent 0 à terme ,mais le capital restera garanti.
Pour ces produits, l’obligation est souvent émise par la banque promotrice du produit structuré.