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Comment choisir des obligations ? Quelles obligations acheter ?

par : Robin des bonds

Je voudrais investir en obligations mais je ne sais pas par où commencer ? Comment choisir une obligation qui me conviendra ?

La réponse en bref

  • Choisir une obligation dépend de vos objectifs : rendement régulier, plus-value, réduction du risque...
  • Les principaux critères seront : émetteur, maturité, subordination.
  • Vous pouvez aussi opter pour un fonds obligataire.

Choisir les obligations à détenir

Vous avez votre courtier pour achter des obligations, vous avez vérifier la liste d’obligations à laquelle il donne accès, vous avez approvisionné votre compte, maintenant, quelle obligation choisir ?

La toute première étape : trouver votre "pourquoi"

Dans un précédent article, je distinguais trois raisons d'investir en obligations :

  • obtenir des revenus complémentaires
  • réaliser une plus-value
  • équilibrer un portefeuille d'actions

La bonne obligation, c'est celle qui permet de réaliser votre objectif.

Premier choix : quelle durée ?

Regardez la courbe des taux.

  • Pour placer vos liquidités avec un profil quasi monétaire (si les taux 2-3 ans vous conviennent), visez des obligations courtes (3-4 ans).
  • Si l’idée d’une rente pendant un certains nombre d’années vous intéresse, visez des obligations 5-10 ans.
  • Enfin, les obligations longues (>10 ans), voire très longues (20, 30… 100 ans) sont plus adaptées pour jouer une baisse des taux. Vous avez un bon potentiel de plus-value en cas de baisse des taux (mais un risque élevé en capital en cas de hausse des taux ; vous ne pourrez pas forcément attendre le terme). Pour maximiser l’effet, visez les coupons faciaux les plus bas possible, idéalement des obligations zéro coupon qui sont les plus sensibles aux mouvements de taux.

Deuxième choix : quel niveau de risque de crédit ?

Entre des obligations souveraines très sûres (Allemagne, France) et des obligations privées, il peut y avoir 1, 2, 3% d’écart de rendement annuel. Tout dépendra de la qualité de signature de l’entreprise. Vous n’allez pas faire une analyse financière complète : fiez-vous aux agences de notation dans un premier temps, au moins pour savoir si vous achetez du A ou du BB.

N’oubliez pas qu’en obligations, on « eat like a bird, shit like an elephant ». Cela signifie qu’on picore des petits gains, mais lorsque les choses vont mal, on perd l’intégralité d’une ligne. Cela peut représenter une vie entière de petits gains picorés.

Enfin, le marché étant raisonnablement efficient, tous les risques sont déjà en théorie déjà dans le prix. Le rendement additionnel offert par une obligation risquée reflète correctement le risque de défaut de celle-ci… dans un portefeuille diversifié toutefois.

Cela signifie que si vous achetez peu d’obligations et optez pour des obligations risquées, vous avez en théorie un profil rendement/risque défavorable. Raison de plus pour faire bien attention à ce que vous achetez.

Ensuite, tout dépend vraiment de vos objectifs. Si vosu cherchez du rendement à horizon 3-4 ans, vous pouvez aller sur des émetteurs risqués. Mais si vous visez une plus-value car vous anticipez une forte baisse des taux, alors choisissez plutôt sur des émetteurs très sûrs comme des États.

Un risque la fois !

Les critères plus spécifiques

Senior ou subordonnée ?

C’est le plus gros déterminant du risque.

Lorsque vous investissez dans une obligation senior (les plus simples, les plus courantes et les plus sûres), vous n’avez quasiment pas à lire le prospectus : le taux coupon, la date de maturité et le prix sont quasiment les seules informations dont vous avez besoin pour savoir dans quoi vous vous engagez.

Vous aurez un profil obligataire tel qu’on l’entend habituellement (coupons réguliers, sensibilité au taux selon la maturité…).

Lorsque vous investissez dans une obligation dite "Junior", ou subordonnée (voire super-subordonnée), vous aurez un profil hybride entre obligation et action : vous ne serez pas sensible au taux comme une obligation habituelle, vos coupons seront payés ou pas payés selon la santé de l’entreprise, votre remboursement sera non-prioritaire, et vous serez beaucoup plus tributaire des clauses du prospectus.

Lire la documentation est alors indispensable puisque les règles du jeu sont spéficiques : les obligations subordonnées sont un marché complexe, où chaque investissement s’envisage au cas par cas (raison pour laquelle il y a peu d’OPCVM et très peu d’ETF sur ce segment).

Vos coupons peuvent dépendre d'une formule selon la forme de la courbe des taux, ils peuvent être payés uniquement lorsque l’entreprise paye un dividende, etc. N’achetez jamais une subordonnée sans avoir ces infos !

Le cas des obligations en devise

J’aurais pu en faire un premier critère. Jusqu’à présent, j’ai considéré que vous investissiez dans votre propre devise (pour l'exemple : l’Euro).

Si vous investissez sur une autre devise, vous aurez une autre courbe de taux. Peut-être que les taux directeurs et les taux longs de la devise sont plus élevés que ceux de l’Euro, ce qui donne une illusion de rendement supérieur.

Mais le marché étant relativement efficient, lorsque les taux sont plus élevés, c’est (en simplifiant) parce que le marché anticipe une dévaluation de la devise, à hauteur de l’écart de taux.

Autrement dit, placer à un an en euros à 4% ou en pesos mexicains à 10%, revient sensiblement au même car la devise mexicaine se dévaluera probablement de 6% d’ici un an. Vous aurez certes 110% de votre somme initiale, mais ramenée en euros, vous aurez 104% et vous aurez pris du risque our rien.

Bien sûr, la réalité est plus complexe, mais lorsque les taux locaux sont élevés, attendez-vous à une perte en capital au moment de la conversion.

Je vous déconseille les obligations en devises, sauf pour faire un pari sur l’évolution de la devise. Dans ce cas, le plus simple est d'investir sur un fonds monétaire en devise locale ou sur un fonds obligataire de grande qualité à maturité très courte. Ne mélangez pas les risques !