Puis-je perdre de l'argent en investissant dans les obligations ?
par : Robin des bonds
Est-il possible de perdre son argent en investissant en obligations ? Puis-je perdre l'intégralité de mon capital ? Le placement est-il garanti ?
La réponse en bref
- Les obligations sont un placement relativement sûr, puisque la date et le montant de remboursement sont connus.
- Les obligations présentent un risque de perte en capital : si l'émetteur est incapable de rembourser vous ne récupérez pas tout votre argent. Plus l'émetteur est fragile, plus ce risque est élevé.
- Les obligations peuvent aussi occasionner une perte (ou un gain) si vous revendez avant leur échéance car la revente se fait au prix de marché.
- Certaines obligations, plus complexes, peuvent occasionner des pertes sans faillite de l'émetteur.
- L'analyse crédit permet de juger la solvabilité d'un émetteur.
- La diversification peut diluer les conséquences d'un défaut.
Le risque de perte en capital en cas de défaut
Investir en obligation est perçu comme relativement peu risqué, mais cela ne signifie pas que les risques sont nuls.
Dans le cas où l'émetteur de l'obligation fait défaut ou manque de liquidités, vous pouvez ne pas être remboursé de votre capital. En cas de défaut et de liquidation de l'entreprise, vous récupérez une part de ce qui reste après remboursement des créanciers prioritaires tels que les salariés.
Le risque est la contrepartie naturelle du rendement. Pour limiter le risque de défaut, il faut sélectionner des obligations émises par des entités de bonne qualité, comme les Etats sûrs (Allemagne, Etats-Unis) ou les entreprises de très haute qualité (Apple, Amazon). La notation des agences de notation peut donner un indice de la sécurité d'une obligation.
Le risque de perte en capital en cas d'achat-revente
Il est possible d'acheter et de revendre des obligations en cours de vie, sur le marché secondaire. Le cours dépend alors de l'offre et de la demande sur le marché.
Voici quelques raisons qui peuvent expliquer que votre obligation ait baissé depuis votre cours d'achat :
- le risque de crédit de l'émetteur a augmenté aux yeux du marché, le marché demande donc une prime de risque supplémentaire pour détenir ces titres. Le spread de crédit s'écarte, ce qui peut faire baisser le cours.
- les taux d'intérêt ont monté sur le marché, et le titre ne porte plus un taux coupon compétitif. Le titre s'aligne avec les taux en vigueur sur le marché via le cours (car le cours évolue à l'inverse des taux).
- il est aussi possible de perdre de l'argent avec le risque de liquidité : si la liquidité se tarit sur le marché secondaire, vous pouvez avoir à brader votre titre si vous souhaitez le vendre rapidement, et ce même si les fondamentaux sont bons et le taux attractif.
Comment réduire le risque avec les obligations ?
Détenez vos obliagtions jusqu'à échéance
N'oubliez pas que si vous détenez une obligation jusqu'à échéance, vous récupérez le capital indiqué dans le contrat. Par conséquent, si avez acheté sous la valeur de remboursement, vous êtes certains de réaliser une plus-value à terme grâce au phénomène nommé : convergence vers le pair.
Concernant le risque de crédit (de non-remboursement), attendre ne fera pas l'affaire. Vous devrez choisir entre céder vos obligations et encaisser la perte, ou les détenir jusqu'à échéance en espérant que la santé de l'émetteur s'arrange d'ici là. C'est un dilemme difficile (voir aussi : Quand vendre ses obligations ?).
Diversifiez en répartissant votre investissement sur plusieurs émetteurs
L'achat de parts de fonds (fonds actif traditionnel ou ETF indiciel) vous offre une diversification rapide, clés en main et possiblement peu coûteuse.
Paradoxalement, la diversification augmente la probabilité de subir au moins un défaut dans le portefeuille (puisque vous êtes exposé à de nombreux émetteurs), mais diminue fortement les conséquences des défauts (puisqu'un défaut ne représente qu'une partie de votre portefeuille).
La diversification est indispensable pour obtenir le meilleur rapport rendement / risque dans un portefeuille obligataire. Vous devez réduire le risque spécifique (risque émetteur) au maximum pour profiter des rendements de la classe d'actifs sans maximiser les conséquences négatives.
Ne négligez pas le risque inflationniste
Préserver le capital nominal est une chose, obtenir une progression de son capital en termes réels est une autre chose. L'inflation fait perdre de la valeur à votre capital futur.
Une garantie en capital à échéance 8 ans signifie en termes réels une baisse de pouvoir d'achat, puisque 100 € versés aujourd'hui n'auront pas la même valeur dans 8 ans.
Par conséquent, même si une obligation vous donne l'impression de préserver votre capital, elle peut très bien vous faire subir une perte en termes réels (perte de pouvoir d'achat). Les coupons versés doivent en théorie compenser cette dépréciation de valeur.