Les taux de swap et le CMS

Le swap (de l’anglais to swap : échanger) est un produit dérivé permettant d’échanger des flux financiers entre 2 contreparties qui sont généralement des banques, des institutions financières ou des directions financières de grandes sociétés.

Une des grandes qualités du swap et ce qui en a fait son succès, réside dans le fait que l’on échange seulement les « flux » sans échanger le principal des actifs concernés. Par exemple si une banque échange la performance de 1000€ de l’action Alcatel contre un taux fixe avec un investisseur, l’action et sa valeur ne seront pas échangées au départ. Si le taux fixe sur lequel ils se sont mis d’accord est 5%, l’investisseur paiera tous les ans 50€ à la banque (1000€ x 5%). En échange celle-ci paiera la performance annuelle de 1000€ de l’action Alcatel (si l’action est montée de 10% la banque doit verser 100€ à l’investisseur, si elle a baissé de 20% c’est l’investisseur qui doit payer à la banque en plus du taux fixe, la somme de 200€). 

Ces échanges se font sur tout un tas d’actifs car comme nous venons de le voir, cela permet de s’exposer à la performance d’un actif sans vraiment le détenir. Il y a donc une très grande variété de swpas. Nous présenterons en détail les plus fréquents. 

Le swap de taux d’intérêt

C’est l’un des swaps les plus classiques. Il permet d’échanger le paiement des intérêts sur un emprunt « virtuel » à taux fixe contre ceux d’un prêt « virtuel » de même montant à taux variable.

Exemple : une banque a accordé un prêt à taux fixe à un investisseur et souhaite s’immuniser contre un mouvement de taux d’intérêt (ayant accordé un prêt à taux fixe, elle perdra de l’argent si les taux montent). En concluant un swap de taux d’un même montant que son prêt avec une autre banque,  elle reçoit le taux fixe de l’investisseur, le reverse immédiatement à l’autre banque, et reçoit en échange un taux variable. Au total elle a donc accordé un prêt et reçoit un taux variable : le prêt à taux fixe auquel on ajoute un swap de taux, revient donc pour la banque à avoir accordé un prêt à taux variable. 

Le swap de devise

Dans un swap de devise (« cross-currency » swap en anglais), les flux sont les même que ceux décrit ci-dessus, sauf que l’échange se fait entre deux devises différentes. L’une des contreparties empruntant du Dollar et prêtant de l’Euro par exemple.

Le swap de change

Le swap de change est à ne pas confondre avec le swap de devises. Dans un swap de change, les contreparties ne s’échangent pas d’intérêt intermédiaire et s’échangent des devises en tenant compte du différentiel de taux entre les deux devises. Cela revient à acheter au comptant une devise, des dollars par exemple, et à les revendre à terme (par exemple dans 6 mois) à un prix fixé à l’avance au moment de la conclusion du swap. 

Le credit default swap (CDS)

Le credit default swap est un instrument dans lequel une partie s’engage à payer une prime trimestrielle et l’autre à rembourser une obligation en cas de défaut. Ce qui est échangé ici c’est le risque de défaut, on parle donc de swap bien que l’un des paiements n’a lieu que si le défaut à lieu, en cela le CDS s’apparente davantage à une assurance qu’à un véritable swap. Le marché du crédit a explosé au début des années 2000 à travers les CDS, d’outil de protection ils sont devenus des outils de spéculation permettant de parier sur la qualité de crédit d’un émetteur sans prendre de risque de taux. 

Les autres types de swaps

Les swaps de variance ou de volatilité : dans lesquels on échange une volatilité fixe contre la volatilité réalisée d’une action sur une période. 

Les swaps de corrélation : on échange une corrélation fixe contre la corrélation réalisée des actions d’un indice. 

Le total return swap : on échange un taux variable (en général de court terme) contre la performance de tout autre type d’actif financier : or, pétrole, action, obligation… 

L’histoire des swaps

Les premiers swaps sont apparus au milieu du dix-neuvième siècle entre banques centrales sous la forme de prêt croisés en devises : l’ancêtre des swaps de devises.

Un nouvel élan pour les swaps eu court dans les années 1970. La réglementation sur les changes empêchaient les entreprises de se couvrir contre les risques de changes, alors que depuis 1973 puis avec les accords de la Jamaïque en 1976 les monnaies flottaient. Les banques firent alors preuve de créativité, et afin de proposer aux entreprises une protection contre les mouvements de devises sans avoir à se les échanger vraiment, elles créèrent les swaps de change. C’est le début des heures de gloires des fameux cambistes… avant les golden boys des années 1980. Le premier swap de devises à recevoir une vaste publicité fût conclut par la banque Salomon Brothers entre IBM et la Banque mondiale en 1981.

Aujourd’hui sur le marché des changes, de loin le plus gros marché du monde, une grande partie des échanges se font sous forme de swaps. Sur les marchés de taux, les swaps sont les instruments les plus utilisés juste après les emprunts d’état qui demeurent l’instrument de référence sur les taux. Toutefois, lorsque l’on évalue la qualité de crédit d’une entreprise à partir de son CDS, celui-ci est souvent déterminé à partir des taux de swaps.