Les taux directeurs des banques centrales

En résumé

Sommaire

Qu'est-ce qu'une banque centrale ?

Les banques centrales sont les « banques des banques ». Chaque zone monétaire a sa banque centrale : la Bank of Japan pour le Japon, la Federal Reserve pour les Etats-Unis d’Amérique, la Banque Centrale Européenne pour la zone euro.

Les banques commerciales (les banques de réseau, BNP Paribas, etc.) ont des comptes courants auprès des banques centrales, et ces comptes qui doivent être créditeurs. Si elles ont trop d’argent elles vont le prêter (à d’autres banques par exemple), si elles sont à découvert elles doivent emprunter de l’argent à la banque centrale dont elles dépendent.

Ces opérations de nivellement des comptes se font souvent sur une base hebdomadaire, parfois quotidienne.

Qu'est-ce qu'un taux directeur ?

Les taux directeurs sont les taux d'intérêt fixés par les banques centrales dans le cadre de leur mission de pilotage de la masse monétaire.

Les différents taux directeurs

Il existe généralement trois taux directeurs, dont la définition varie légèrement d’un pays à l’autre.

  • Le taux de refinancement : C’est le taux directeur le plus important pour les banques centrales. Il est utilisé pour les opérations dîtes d’ « open market « , c’est à dire lorsque les banques centrales proposent des liquidités aux banques commerciales qui en ont besoin. Ces opérations se font en général une fois par semaine (plus souvent en cas de crise, comme ce fût le cas en 2008 par exemple). Les banques centrales décident donc du prix de l’argent, et donc ont un pouvoir sur la demande de liquidité de la part des banques commerciales.
  • Le taux d’escompte : On l’appelle aussi parfois le taux de prêt marginal, il est supérieur au taux de refinancement. C’est le taux auxquels les banques empruntent en cas d’urgence. Si elles n’arrivent pas à se refinancer sur le marché interbancaire par exemple pour le nivellement quotidien de leur compte courant, elles vont d’urgence vers la banque centrale qui leur applique alors un taux majoré : le taux d’escompte.
  • Le taux de rémunération des dépôts : Lorsque les banques ont trop de liquidités, elles peuvent les prêter à d’autres banques commerciales sur le marché interbancaire. Pour des raisons de confiance (comme lors de la crise de liquidité de 2008 quand les banques ne se faisaient plus confiance les unes aux autres), ou parce qu’elles ne trouvent pas de contrepartie ayant besoin de ces liquidités, elles peuvent aussi les déposer à la banque centrale. Ces dépôts sont alors rémunérés à ce taux d’intérêt. Toutefois aux Etats-Unis, les dépôts des banques commerciales ne sont pas rémunérés.

Les trois taux évoluent dans une fourchette resserrée.

L’historique des taux de la BCE est disponible à cette page.

Les taux directeurs sont un outil de politique monétaire

Pour les banques centrales, les taux directeurs sont un outil de régulation économique. Les objectifs sont toujours de limiter l’inflation, véritable bête noire des banques centrales ; et dans certains cas (comme la FED aux Etats-Unis alors que cela ne rentre pas dans le mandat de la BCE), de favoriser la croissance.

Si les taux directeurs sont bas, les banques commerciales peuvent emprunter à moindre coût, ce qui leur permettra d’accorder des prêts peu onéreux (avec une marge tout de même) aux entreprises ou aux particuliers qui emprunteront alors plus volontiers : dans ce cas la croissance économique est favorisée.

A l’inverse, une hausse des taux directeurs va être dissuasive pour les banques commerciales qui, si elles veulent conserver leurs marges, devront prêter à des coûts plus élevés, ce qui réduira la demande de prêts de la part des entreprises ou des particuliers. L’objectif dans ce cas est d’éviter la surchauffe économique et donc l’inflation. Lien entre taux d’intérêt et inflation

Les taux bas entretiennent l’inflation : le crédit est plus abondant, et les épargnants ont peu d’incitation à conserver leur argent.

A l’opposé, les taux élevés limitent l’inflation : le crédit de restreint et les ménages sont incités à stocker leur argent plutôt que le dépenser.

Pour cette raison, les taux directeurs sont le principal outil de gestion de l’inflation par les banque centrales. La Banque Centrale européenne a d’ailleurs pour mandat de piloter l’inflation afin de la maintenir à un niveau proche mais légèrement inférieur à 2%. Les mesures non conventionnelles (rachats d’actifs etc)

Les taux directeurs ne sont pas le seul outil des banques centrales. Depuis toujours, elles ont complété cet instrument par des politiques que l’on qualifie de « non conventionnelles », souvent adaptées à une situation économique particulière, ou pour résoudre un problème de marché.

Souvent, les interventions ont pour but d’injecter de l’argent dans l’économie. Autrement dit, faire en sorte qu’une catégorie précise d’acteurs économiques se retrouve avec de l’argent entre les mains sous forme de prêt.

À noter que la frontière entre le prêt et le don est plus fine qu’il n’y paraît. En effet, une « aide » ciblée aux ménages, ou une réduction d’impôt revient à créer du déficit pour donner cette aide. Or, qui dit déficit, dit emprunt. Et qui dit emprunt dit taux d’intérêt. La Banque Centrale ne peut pas donner directement aux ménages, mais elle peut faire en sorte que les gouvernements puissent le faire à coût modéré.

Taux monétaires et taux obligataires

Via les taux directeurs, Les banques centrales influent donc la partie très courte de la courbe des taux.

Les obligations sont plutôt influencées par la partie longue de la courbe des taux. Par conséquent, les mouvements de taux directeurs n'ont pas forcément une effet direct sur les cours des obligations : ces derniers ne dépendent que de l'offre et de la demande. Cependant, on constate généralement que lorsque les taux directeurs montent, les taux longs montent aussi et donc les obligations baissent. Lorsque les taux directeurs baissent, c'est à l'opposé souvent favorable aux obligations. Néanmoins, les marchés anticipent : les surprises ont davantage d'effet que les annonces déjà anticipées.

Enfin, les opérations exceptionnelles de type LTRO (rachat d'obligations par la BCE sur le marché) ont un effet sur le volume d'obligations en circulation, donc influent à la baisse sur les taux d'intérêt et à la hausse sur les cours. Mais ici encore, attention aux anticipations !

En cours de rédaction : Un peu d’histoire des politiques monétaires

  • Les banques centrales depuis les crises de 2001 2008
  • Bernanke : mettre des billets dans les bouteilles
  • Création monétaire lorsque le crédit ne suffit pas. Liquidity trap
  • 2022, post-covid : début du resserrement monétaire
  • Hausse des taux
  • 2024 : inflexion?