Pourquoi il ne faut pas forcément craindre l'illiquidité lorsqu'on investit en obligations
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On entend souvent dire que la liquidité est problématique pour acheter certaines obligations. Dans cet article, je vais exposer pourquoi, selon moi, c’est un faux problème pour un investisseur particulier.
Un petit mot personnel
Tout d’abord, un petit mot personnel. Avant de m’intéresser aux obligations, j’ai eu des expériences sur les actions illiquides. En comparaison, je peux vous dire que les obligations, même illiquides, sont REELLEMENT confortables.
Pourquoi ? Parce que l’on ne dépend pas de l’avis du marché pour tirer des revenus de ses placements et pour trouver la liquidité : on ne dépend que de la qualité de l’émetteur ! On a une porte de sortie à l'échéance.
L’illiquidité lorsque l’on souhaite acheter
Alors certes, à l’achat, l’illiquidité est un problème, on peut être empêché de rentrer sur un titre. Mais il faut se dire que le cours est fonction du volume : si on ne peut pas avoir de volume au cours que l’on souhaite, c’est que son cours réel est ailleurs, presque par définition.
A l’achat, l’illiquidité doit être vue comme l’opportunité de profiter d’un décalage de cours ou d’une réservation à la baisse en apportant de la liquidité au moment où le marché en a besoin, pendant les paniques (au besoin, si l’on maîtrise la programmation, on peut automatiser le suivi des décalages).
Alors on se fait une liste, des cours que l’on serait content de toucher sur chacune, et on prend la première qui se présente sous le cours. On en prend pour des années, on peut bien attendre quelques mois…
L’illiquidité lorsque l’on souhaite vendre
Plus problématique ? D’abord, une évidence : avec une obligation, contrairement à une action, on connaît la date de sortie, l’échéance à laquelle on retrouvera son capital.
La liquidité n’est donc un problème que si l’on souhaite vendre avant l’échéance. Pourquoi vendrait-on avant l’échéance ?
Première raison : il y a un attrait trop fort sur le titre qui fait chuter le rendement : au prix coté, on n’est plus acheteur car on trouve mieux à faire ailleurs. On est alors en position de force, puisque les acheteurs sont là. S’ils ne sont pas là, c’est que le prix affiché n’est pas réaliste. Un peu comme l’histoire du type qui a vu la maison de son voisin affichée à prix d’or, et qui, se croit riche.
Deuxième raison : on craint un défaut ou un « événement de crédit » et qu’on veut sortir avant tout le monde, là, je dirais… il fallait faire ses devoirs avant ! Si les acheteurs ne sont pas là, c’est que l’info est publique. Et lorsque l’info est publique, de toutes façons, les acheteurs proposeraient des prix représentatifs d’une forte aversion au risque. Au final, lorsque l’on veut vendre avant tout le monde, on vend en réalité en même temps que tout le monde, liquide ou pas liquide.
Raisonner au niveau du portefeuille, pas ligne à ligne
Enfin, doit-on avoir de la liquidité sur tout un portefeuille ? Non ! Un portefeuille bien structuré peut et doit ne pas être totalement liquide !
On sait que les obligations « classiques » et les zéro coupon seront liquides à date fixe. Pour Les perpétuelles, on ne peut pas trop compter sur la date de call, mais les coupons, plus élevés que ceux des obligations traditionnelles, « liquéfiant » petit à petit le placement. (*)
La plupart des ménages ont un patrimoine concentré sur l’immobilier, actif totalement illiquide aux coûts de transactions énormes. Sans parler des Sofica, des Robien, et autres produits pour le coup réellement illiquides ! Pourquoi avoir peur d’une obligation illiquide ?
En conclusion
Seriez-vous prêts à payer 1% de TRI par an pour qu’un teneur de marché fasse tous les jours une cotation sur vos titres ? Selon moi, le choix revient à cela, et ma réponse est non. (surtout sachant qu’un teneur de marché se barre de toutes façons quand c’est trop volatil)
C’est un avis personnel, adapté à mon style de gestion. Je ne l’impose à personne, je souhaitais juste partager ma vision.
(*) : Certes, il reste le cas des zéro coupon perpétuels… dans le monde obligataire, c’est l’exception (emprunts russes, subordonnées sans espoir de coupon, créances irrecouvrables… là le souci est que c’est junk, pas que c’est illiquide) mais dans les actions, il y en a beaucoup ! Les small caps illiquides qui ne payeront jamais de coupon sont légion, et là, la liquidité est vraiment le problème.

Nicolas Pérot (Robin des Bonds)
Ancien trader sur produits de taux d’intérêt et responsable des émissions obligataires de grandes entreprises, je partage ici mon expertise sur les obligations. Mon objectif ? Démystifier ce marché et apporter de la valeur à tous, du débutant à l’investisseur chevronné.
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