Les High Yield Bonds, Junk Bonds, obligations spéculatives : définition et fonctionnement
Terme en anglais : Junk bond, High Yield Bond
par : Robin des bonds
Les Junk Bonds, c'est quoi ?
« Junk Bonds », obligations pourries ou obligations poubelle en français est le terme familier pour désigner les obligations au risque élevé.
Rebaptisé plus joliment « High Yield Bonds », obligations à haut rendement, ce sont les obligations dont l’émetteur est classé en catégorie « spéculative » (ou encore « non investment grade ») par les agences de notation. Ce sont donc les émetteurs dont la note est inférieure à :
- BBB- pour Standard & Poor’s et Fitch Rating
- Baa3 pour Moody’s
Ces obligations offrent une rémunération beaucoup plus importante que celle des emprunts d’Etats dit « sans risque » en échange d’un risque important de défaut de l’emprunteur : leur spread de crédit est élevé.
Toutefois le niveau de risque ne peut pas se résumer à la simple note des agences. En effet, toute les sociétés américaines dont le chiffre d’affaire est inférieur à 35M $ sont classées en catégorie spéculative. Donc toutes les obligations émises par ces sociétés sont considérées comme des Junk Bonds. Or d’une société à l’autre les risques sont évidement très différents.
Un peu d’histoire… les junk bonds
La première émission d’un Junk Bond a eu lieu en 1977 et a été organisé par la banque Bear Stearns. Au début des années 1980, les Junk Bonds représentent 30% de l’ensemble des obligations émises par des sociétés privées américaines. C’est au cours de cette décennie que le financier Michael Milken, surnommé le « Junk Bond King », dirigeant le département High Yield de la Banque d’investissement Drexel Burnham Lambert fait fortune.
En effet à cette époque le marché explose. Les entreprises souhaitant se refinancer sans augmentation de capital et sans passer par des prêts bancaires sont nombreuses… Et les banques sont de moins en moins regardantes sur la solidité financière des émetteurs : beaucoup d’entreprises en mauvaise santé empruntent dans le but de racheter d’autres entreprises pour se refaire une santé… C’est ce qui a inspiré le film « Wall Street », qui ne parle pas du marché actions mais du financement d’entreprises par émission d’obligations high yield.
Mais en 1989 à la suite de défauts de plus en plus nombreux de sociétés, le marché connait sa première crise importante.
Face à des scandales liés à la confiance, des délits d’initiés et aux méthodes de vente de titres très agressives, la banque Drexel Burnham Lambert doit racheter des titres à des investisseurs ce qui la conduira à sa propre faillite en 1990.
Il y a eu des répercussions jusqu’en Europe. Le Crédit Lyonnais par exemple a été impliqué dans cette crise puisqu’une de ses filiale a pris le contrôle d’Executive Life dans le but de reprendre le portefeuille de junk bonds de cet assureur californien, ce qui a occasionné l’Affaire Executive Life, qui a fini par coûter à l’Etat français.
Au milieu des années 1990 le marché est relancé notamment, les sociétés privées se mettent elles aussi à emprunter directement sur les marchés. Les LBO sont souvent financés par ce biais. Et le marché des High Yield connait à nouveau une crise de l’ampleur de celle de 1989 en 2001-2002 au moment de l’éclatement de la bulle internet et de la crise financière.
Aujourd’hui ce marché est toujours actif. Il est devenu connu du grand public en 2010 quand la Grèce a été placé dans cette catégorie par les agences de notation pendant la crise des dettes souveraines.