Quelle différence entre une obligation et une action ?

La différence entre obligations et actions

Le rôle des actionnaires et des créanciers obligataires

Du point de vue de l'épargant, actions et obligations sont deux placements différents.

Mais du point de vue d'une entreprise, ce sont deux modes de financement différents.

Entrons dans les détails.

Lorsque vous achetez une obligation vous devenez un créancier de l'entreprise, un peu comme un banquier qui aurait prêté de l'argent.

Les détenteurs d'obligations ne participent pas aux bénéfices de l'entreprise. Que cette dernière se porte très bien, bien ou moyennement ne change rien : leur revenu reste fixe et le capital qu'ils recevront à terme est connu. Leur partition se déroule de façon très prévisible.

Bien évidemment, dans les cas de défaut ou de faillite, les créanciers obligataires peuvent voir leurs paiement réduits, décalés ou supprimés, entraînant dans le pire des cas une perte total du capital.

Côté actionnaire, les choses sont différentes. En achetant une action, vous devenez propriétaire d'une fraction de l'entreprise. Vous n'êtes pas créancier, mais associé. Vous n'avez pas de droit de créance sur l'entreprise, mais un droit de propriété.

Vous percevez les bénéfices de l'entrprise via les dividendes ou l'appréciation du cours. Vous avez intérêt à ce que l'entreprise fasse plus que garder la tête hors de l'eau pour gagner de l'argent : elle doit faire des bénéfices et croître.

Comportement différent selon la vie de l'entreprise

Entrons un peu dans le détail. Si au premier abord, les intérêts des actionnaires et des obligataires semblent alignés, ils sont en réalité légèrements différents.

Les actionnaires visent la croissance de l'entreprise : elle fera prendre de la valeur à leur investissement. Les obligataires visent la solvabilité de l'entreprise, qui sécurisera leur investissement.

Parfois, ces intérêts sont divergents. Par exemple, une politique de dividendes élevés ou de rachat d'actions, généralement favorable aux actionnaires, est mauvaise pour les créanciers car la trésorerie de l'entreprise est diminuée.

À l'opposé, une augmentation de capital est dilutive pour les actionnaires donc fait baisser la valeur des actions, mais positive pour les obligataires car de l'argent frais entre dans les caisses.

Priorités différentes en cas de liquidation d'une entreprise

La liquidation d'une entreprise désigne la fin de l'activité et la mise en vente de tous ses actifs (son patrimoine) afin de pouvoir rembourser les passifs (les dettes).

Lors d'une liquidation, le patrimone n'est généralement jamais suffisant pour rembourser toutes les dettes. La loi a établi un ordre de remboursement : les créanciers sont regroupés en classes, et chaque classe ne peut être remboursée que si les précédentes l'ont été.

La hiérarchie des créanciers est la suivante :

  • les créanciers superprivilégiés (salariés en cas de procédure collective)
  • les créanciers privilégiés (État, Sécurité Sociale, salariés)
  • les créanciers chirographaire (fournisseurs, prêteurs - dont les créanciers obligataires).

La dernière classe est remboursée au "marc le franc", sans priorité entre créanciers.

Les actionnaires sont tous derniers dans la hiérarchie puisqu'ils ne sont pas créanciers. Il ont un droit sur l'actif net de la société, c'est-à-dire sur son patrimoine net de dettes.

En pratique, il est très rare que les fonds tirés d'une liquidation soient suffisants pour payer ne serait-ce que les salariés. Les créanciers obligataire et actionnaires ne récupèrent souvent rien lors des liquidations, toutefois le droit reconnaît aux obligataires une forme de priorité.

Comportement différent face à l'inflation

Les entreprises ont généralement de nombreux moyens de faire face à l'inflation : augmenter leurs prix de vente, essayer de limiter les hausses de prix... Par conséquent, les actionnaires souffrent rarement beaucoup des périodes de forte inflation.

En effet, si tous les prix doublent, alors il en est de même pour le chiffre d'affaires, les coûts, les salaires... et pour le bénéfice. Dans un monde théorique où tous les prix doubleraient du jour au lendemain, la valeur des actions doublerait aussi.

Côté obligataire, les choses sont beaucoup moins reluisantes. Un créancier obligataire a certes une garantie contractuelle de retrouver une certaine somme à une date donnée, mais cette somme reste la même quelle que soit l'inflation (hors obligations indexées sur l'inflation). L'inflation fait donc perdre du pouvoir d'achat aux créanciers.

L'économiste Keynes (1883-1946), dans un passage célèbre de La théorie générale, évoque « l'euthanasie des rentiers » pour désigner le fait que l'inflation ampute la valeur du capital des créanciers.

Pour protéger son pouvoir d'achat au fil du temps, un détenteur d'obligation ne doit donc pas consommer l'intégralité des coupons versés. Il doit conserver une partie des coupons pour acheter de nouvelles obligations et faire croître la masse des obligations en portefeuille afin de compenser les effets de l'inflation.

Conclusion : un niveau de risque différent

Les actions sont généralement plus risquées que les obligations. En effet, les actions sont plus volatiles et leur prix peut fluctuer considérablement en fonction des performances de l'entreprise et des conditions du marché.

Les obligations, en revanche, sont généralement considérées comme un investissement plus sûr, car elles offrent un revenu fixe et un remboursement du capital à l'échéance. Certes, les obligations présentent aussi des risques (le risque de défaut de l'émetteur et le risque de taux d'intérêt) mais plus faibles.

Par conséquent, à long terme, les actions ont tendance à offrir des rendements supérieurs à ceux des obligations, mais avec davantage d'incertitudes et de volatilité.

Photo Nicolas Pérot

Nicolas Pérot

Ancien trader sur produits de taux d’intérêt et responsable des émissions obligataires de grandes entreprises, je partage ici mon expertise sur les obligations. Mon objectif ? Démystifier ce marché et apporter de la valeur à tous, du débutant à l’investisseur chevronné.

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