Peut-on vendre une obligation à tout moment ?

On lit souvent que les obligations sont "liquides", qu’elles "se vendent à tout moment". Vraiment ? Oui… mais à quel prix ? Et à quelles conditions ?
L'essentiel
- Oui, une obligation peut théoriquement se vendre à tout moment.
- Mais cela dépend de sa liquidité réelle : certains titres sont très peu échangés.
- Le prix dépend des conditions de marché : taux, appétit pour le risque, volume.
- Vendre avant l’échéance, c’est s’exposer à une incertitude de prix.
- Acheter une obligation pour la revendre plus tard, ce n’est plus un placement passif : c’est un pari de marché.
Oui, on peut vendre une obligation à tout moment… en théorie
Une obligation est un titre coté. Comme une action, elle peut être échangée à tout moment sur le marché secondaire. Cela signifie que vous pouvez vendre votre obligation avant l’échéance.
Mais cela ne veut pas dire que vous trouverez immédiatement un acheteur. Ni que le prix vous conviendra. La vraie question, ce n’est pas “peut-on vendre ?” mais “à quel prix et avec quelle facilité ?”.
La liquidité n’est pas garantie
Il existe des obligations très liquides, échangées en permanence par blocs de millions d’euros : celles des grands États, des multinationales notées AAA, des banques systémiques.
Et il y a… toutes les autres. Celles que vous aurez probablement en portefeuille si vous cherchez du rendement ou des opportunités : titres subordonnés, corporates à haut rendement, obligations hybrides, perpétuelles, etc.
Ces titres-là se vendent quand il y a un acheteur en face. Forcément, c'est un marché. Pour qu'il y ait transaction, il faut qu'il y ait acheteur et vendeur.
Et surtout : à quel prix ?
Si vous vendez avant l’échéance, vous ne récupérez pas forcément le nominal.
Le prix dépend : - du niveau des taux d’intérêt au moment de la vente, - de la perception du risque de défaut de l’émetteur, - du carnet d’ordre (offre/demande de liquidité), - de la taille du titre et du volume échangé.
Une obligation achetée 100 peut très bien se revendre 98, 95, ou 85… voire moins si le marché anticipe un risque, une mauvaise nouvelle ou si son taux n'est plus jugé compétitif.
Pourquoi vendre, au fait ?
- Parce que vous avez besoin de liquidité ? Dans ce cas, mieux vaut garder des liquidités dès le départ.
- Parce que vous avez trouvé mieux ailleurs ? C’est possible, mais encore faut-il un marché actif.
- Parce que vous anticipez un risque ? Là, mauvaise nouvelle : si vous le voyez, le marché aussi. Le prix a déjà intégré l’info.
En résumé : si vous voulez revendre, c’est que vous entrez dans une logique d’arbitrage ou de trading, pas de portage passif.
Le cas des obligations non cotées (émises en crowdfunding par exemple)
Certaines obligations ne sont pas cotées sur un marché secondaire. C’est le cas des obligations émises via le crowdfunding (financement participatif) par exemple. Dans ce cas, elles ne sont pas liquides du tout et le seul moyen de récupérer votre investissement consiste à attendre le terme.
En théorie (mais vraiment en théorie) vous pouvez la céder à un tiers. Mais en pratique, c’est très compliqué. Il n’y a pas de marché organisé, pas de carnet d’ordre, pas de prix de référence. Vous devez trouver un acheteur, négocier le prix, et probablement aller voir un notaire pour acter la cession. Cela n'en vaut pas la peine généralement !
Alors, une obligation est-elle réellement liquide ?
Oui, on peut vendre une obligation. Mais non, on ne peut pas vendre à bon prix n’importe quand.
C’est comme l’immobilier : vous pouvez vendre votre maison aujourd’hui. Mais si vous tenez au prix, vous allez peut-être attendre. Si vous êtes pressé, vous bradez.
Mieux vaut raisonner en portefeuille, avec une poche de liquidité, que s’imaginer pouvoir revendre toutes ses obligations comme des ETF à tout moment. Sinon, vous finirez déçu !
Est-ce réellement un problème ?
L'illiquidité peut être votre alliée, j'en parle dans : le faux problème de la liquidité.
Elle vous permet d'être en position de force à l'achat en négociant un prix intéressant. Elle vous permet aussi de vous concentrer sur l'essentiel : le rendement et la qualité de l'émetteur. N'oubliez pas que contrairement à une action, une obligation a une date d'échéance : vous avez une porte de sortie prévue.

Nicolas Pérot
Ancien trader sur produits de taux d’intérêt et responsable des émissions obligataires de grandes entreprises, je partage ici mon expertise sur les obligations. Mon objectif ? Démystifier ce marché et apporter de la valeur à tous, du débutant à l’investisseur chevronné.
Ecrivez-moi(Afficher votre publicité ici ? Contactez-moi !)