La courbe des taux n’est pas l’historique d’un taux d’intérêt ou du cours d’une obligation.
La courbe des taux, c’est la structure par terme des taux d’intérêt. Autrement dit, une courbe qui, pour chaque maturité (de 1 jour à 30 ans par exemple), indique quel est le taux d’intérêt applicable. Elle s’exprime donc pour un instant donné, c’est une photographie du présent et non du passé.
Exemple : la courbe des OAT
On la lit ainsi :
Cela signifie que :
Tous les taux présents sur une courbe des taux sont des taux exprimés en base annuelle. Si vous prêtez à trois mois vous touche xxx*3/12.
Si vous prêtez à 10 ans, vous touchez xx% par an.
S’agissant de taux actuariels, ce n’est pas exactement le coupon que vous touchez, cela peut être un mélange de coupons et de plus/moins-value, en vertu du calcul actuariel.
Il existe aussi des courbes de taux zéro coupon : elles sont très pratiques pour actualiser des sommes futures. Par exemple, si le taux ZC 10 ans est de 3%, si je veux la valeur présente d’un flux prévu dans 10 ans, je n’ai qu’à le diviser par 1,03^10. Facile 🙂
Il n’existe pas qu’une seule courbe des taux
Lorsque l’on parle de courbe des taux, dans les journaux financiers ou sur votre site préféré on parle en général de la courbe des taux d’Etats (les bons du trésor, ou obligations osuveraines). En réalité, il existe une courbe des taux par émetteur obligataire, et même une courbe des taux par devise !
- La courbe des taux de rendements du trésor. C’est la courbe des taux de rendement des obligations du trésor, c’est à dire l’équivalent français de la courbe que nous avons donné en exemple ci-dessus ;
- La courbe des taux de rendement des entreprises du secteur bancaire disposant du rating A ;
- La courbe des taux de rendement de la société EDF (constituée des taux de rendements des obligations de différentes échéances émises par EDF) ;
- La courbe des taux Euribor : les taux courts (inférieur à 1 an) pratiqués sur le marché interbancaire, c’est à dire auquels les banques se prêtent entre elles.
Ces taux sont tous différents. En effet le taux Euribor 1 an correspond au taux pratiqué sur le marché interbancaire. C’est à ce taux par exemple que BNP Paribas prête de l’argent à la Société Générale. Ceci n’est pas pareil pour BNP Paribas que de prêter de l’argent à l’état français via des OAT par exemple. On a vu depuis la faillite de Lehman que les banques ne sont pas infaillibles. C’est pourquoi l’Euribor 1 an est supérieur au taux de rendement d’une OAT d’échéance 1 an : il rémunère un risque plus important.
Les différentes parties de la courbe des taux
La courbe des taux est donc un indicateur de la valeur de toute une série d’obligations de différentes maturités.
La courbe des taux est généralement croissance :
Le taux le plus court, le taux à 1 jour par exemple, varie très peu. En effet le risque de prêter à un jour est faible. D’ailleurs cela ne se fait qu’entre banques, les particuliers n’ont pas accès à ce marché : vous ne pouvez pas aller voir votre banquier pour lui demander un prêt jusqu’au lendemain. Ces taux rémunèrent donc un risque faible, proche de celui que prend une banque centrale quand elle prête à une banque pour un jour. Ce dernier s’appelle le taux directeur : les taux directeurs sont les taux auxquelles les banques centrales (BCE ou FED par exemple) prêtent aux banques privées. La partie courte de la courbe (inférieure à 3 mois) est donc très liée aux taux directeurs, et comme ceux-ci bougent peu, cette partie de la courbe est peu volatile.
En revanche, le taux à 10 ans rémunère un risque plus important : plus on avance dans le temps, plus l’incertitude augmente. Je sais que tel émetteur ne fera pas faillite demain, mais dans deux ans je ne suis pas sûr… et dans 50 ans encore moins. La partie longue de la courbe est donc beaucoup plus volatile.
Il faut donc voir la courbe des taux comme un fouet ! Les taux directeurs sont la main qui dirige le manche, tandis que le bout de la corde évolue librement. Toutefois, la partie très longue de la courbe est à son tour peu volatile, sur les taux de swaps car les influences des taux directeurs sont lissées sur 50 ans… Tout se moyenne.
Par ailleurs si la partie courte de la courbe concerne surtout les banques entre elles, la partie longue concerne aussi tous les investisseurs qui détiennent des obligations (particuliers, sociétés de gestion, assureurs…), les intervenants ne sont donc pas les mêmes sur telle ou telle partie de la courbe.
La courbe des taux est donc évolutive. Elle change tous les jours.
La pente de la courbe des taux
Courbe des taux croissante, normale
La structure par terme est respectée
Courbe des taux plate
Courbe des taux inversée
Achat d’obligs LT tellement importants qu’ils font passer les taux longs sous le court terme.
Pas stable, indicateur de récession, anticipation de baisse des taux directeurs forte.
Les stratégies de pentification : parier sur l’augmentation de la pente
Sans parier sur la direction des taux, il est possible de parier sur la pentificaiton.
Cela revient à emprunter à long terme (à taux fixe) et à placer à court terme (à taux fixe ou variable, peu importe)
Les stratégies d’aplatissement : parier sur la diminution de la pente
Sans parier sur la direction des taux, il est possible de parier sur l’aplatissement.
https://www.nyif.com/articles/bond-trading-strategy-flattening-trade