Sommaire

L'efficience des marchés : définition et théorie des marchés efficients

Terme en anglais : Market efficiency

Publié le : 2 août 2024

par : Robin des bonds

Les cours des actifs cotés sur les marchés financiers évoluent en fonction de l'offre et la demande. Les acheteurs et les vendeurs utilisent l'information publique et leurs anticipations pour fixer collectivement le juste prix. Si les marchés sont efficients, alors toutes les informations présentes et futures sont déjà intégrées dans le prix et il n'existe aucun moyen de 'battre' le marché.

L'essentiel

  • L'efficience du marché désigne le degré d'intégration des informations publiques dans les prix.
  • Un marché très efficient rend inutile l'analyse financière, car toute l'information est déjà intégrée : tous les actifs sont à leur juste prix.
  • Par exemple, l'anticipations de bons résultats d'une entreprise
  • Les marchés sont de plus en plus efficients, notamment car l'information circule rapidement et les ordres de bourse sont instantanés.

Origine de la théorie des marchés efficients

Le terme provient d'un papier de recherche écrit en 1970 par l'économiste Eugène Fama. Sans définir précisément l'efficience, il établit l'un des piliers des principes de la gestion de portefeuille moderne : l'hypothèse des marchés efficients (efficient market hypothesis en anglais, ou _EMH).

Cette théorie dit qu'il est impossible de faire mieux que le marché car les anomalies de marchés ne peuvent exister car les investisseurs prodéderaient aussitôt à un arbitrage.

Exemples d'efficience des marchés

Par exemple, si une entreprise est cotée à un cours différent sur deux places de marché différentes, les investisseurs achèteraient sur un marché et revendraient sur l'autre, faisant monter le prix d'un côté et baisser de l'autre jusqu'à annuler la différence.

De même, si le marché anticipe qu'une entreprise publiera de très bons résultats, son cours a déjà progressé jusqu'au niveau intégrant les anticipations de marché. La veille des résultats, le cours est calé sur la valeur de l'entreprise intégrant les résultats anticipés par le marché.

Ce qui fera évoluer le cours le jour de la publication des résultats n'est donc pas la réalité des résultats, mais l'écart entre les résultats et les anticiaptions. Si les résultats sont conformes aux attentes, le cours n'évoluera pas, ou très peu. C'est ce que l'on observe en pratique.

(En théorie, si l'on veut être puriste, le cours devrait tout de même progresser très légèrement car la prime de risque se réduit : une part d'incertitude se dissipe. En effet, le marché n'intégrait pas exactement son anticipation, mais appliquait une légère décote.

Ce raisonnement très théorique est sans application pratique sur les marchés d'actions, soumis à de nombreux autres facteurs. Il devient cependant crucial sur certaines obligations ou lors d'opérations sur capital.)

La théorie de l'efficience des marchés financiers : application au marché obligataire

Sur le marché obligataire, la théorie des marchés efficients suppose que les marges de crédit reflètent fidèlement les probabilités de défaut des entreprises. Par conséquent, l'analyse financière d'une entreprise n'a de sens que si elle arrive à des conclusions différentes de celles du marché.

Par extension, l'hypothèse des marchés efficients justifie le besoin de fortement diversifier ses portefeuilles afin de capturer la prime de risque du marché dans sa globalité plutôt que de s'exposer au risque spécifique à certains émetteurs.

C'est donc une incitation forte à utiliser des fonds indiciels plutôt que des fonds activement gérés, le coût de la gestion n'étant justifié par aucune surperformance possible.

Les marchés sont-ils efficients ?

Le débat de l'efficience des marchés est toujours ouvert. Si les études tendent à montrer que les fonds indiciels font bien mieux que les fonds actifs, cela dépend aussi des classes d'actifs. Sur les actions les plus liquides, c'est totalement vrai. Sur les obligations, c'est moins flagrant. Le marché obligataire est plus fragmenté, potentiellement moins liquide (sur les obligations d'entreprise) et ceratines émissions se font plutôt en privé qu'en public, ce qui peut causer une surperformance de la gestion active.

Toutefois, cette surperformance suffit-elle à compenser les frais de gestion facturés ?

Les différentes formes d'efficience

Fama n'a pas défini les contours exacts de l'efficience des marchés. Les chercheurs ont depuis défini plusieurs formes d'efficience.

Forme faible

Dans la forme faible de l'efficience des marchés, les mouvements de prix passés ne sont pas utiles pour prédire les prix futurs. Autrement dit, les techniques telles que l'analyse technique sont inutiles. Toute information pertinente pouvant être tirée des prix passés est déjà incorporée dans les prix actuels. Par conséquent, les changements de prix futurs ne peuvent résulter que de nouvelles informations devenant disponibles.

Dans cette forme, l'analyse fondamentale a un rôle : il reste pertinent d'étudier les comptes des entreprises.

Forme semi-forte

Dans la forme semi-forte, les cours s'ajustent presque instantanément pour absorber les nouvelles informations publiques, de sorte qu'aucun investisseur ne peut bénéficier d'un avantage supérieur au marché en utilisant ces nouvelles informations.

Cela implique que ni l'analyse technique ni l'analyse fondamentale ne sont des stratégies fiables pour obtenir des rendements supérieurs, car toute information déjà connue et utile pour l'analyse fondamentale serait déjà incorporée dans les cours.

Seules les informations privées et non disponibles (ou pas encore disponibles) pour l'ensemble du marché seront utiles pour obtenir un avantage.

Forme forte

La forme forte de l'efficience du marché affirme que les prix du marché reflètent toutes les informations, tant publiques que privées, en s'appuyant sur et en incorporant la forme faible et la forme semi-forte. Sous cette hypothèse, les prix des actifs reflètent toutes les informations (publiques et privées). Par conséquent aucun investisseur, y compris un initié de l'entreprise, ne serait en mesure de réaliser des profits supérieurs à l'investisseur moyen.

La meilleure stratégie consiste donc à investir de façon indicielle, sans réaliser aucune analyse.